Les 9 concurrents de l’élection présidentielle du 28 décembre sont en campagne depuis le vendredi 28 novembre dernier. Par monts et par vaux, ils vont auprès du populo, justifier leur ambition à travers leur profession de foi et le projet de société dont ils sont porteurs. Ils jouissent du même temps d’antenne sur les médias d’Etat, notamment la RTG où ils défilent à la queue leu leu tous les soirs après le grand journal de 20h 30mn. Le narratif est tantôt en français, tantôt en dialecte du terroir euh…en langue nationale. En tout état de cause, chacun y va de sa petite ruse, son stratagème, sa didactique pour rendre audible son message, son ambition pour le peuple de Guinée.

Si dans les pays ou la démocratie est raffinée, complexe, les candidats construisent leur narratif selon leur positionnement idéologique par rapport à des thématiques politiques économiques, sociales et culturelles (pouvoir d’achat, taux d’imposition fiscales, sécurité sociale, emploi, caractère laïc de l’Etat etc.), sous les tropiques, les femmes et les hommes qui aspirent à conduire le destin des peuples en sont à lever des contraintes liées à la réduction de la pauvreté. Ainsi, les candidats se battent comme de beaux diables pour adresser les plaies béantes et les bobos véniels que la pauvreté inflige à la société et s’engagent à y apporter la potion magique curative. A cet égard, il résulte de l’observation empirique que la société guinéenne souffre de nombreuses pathologies dont la plus incisive et la plus visible est le déficit notoire d’électricité (électricité pour l’industrie, éclairage publique, électricité domestique). Voyons ! N’est-il pas à la fois marrant et utopique pour un pays qui s’ouvre d’un déficit notoire d’électricité de prétendre loger des raffineries minières et d’atteindre l’émergence économique à un horizon proche ?

 Le déficit d’électricité fait donc les choux gras des candidats. Ils clament tous et à tout vent leur aptitude à vaincre ce signe indien. Le populo sait que ni le thermique ni l’hydroélectrique n’ont résorbé le déficit d’électricité, il croise les doigts et attend. Dubitatif, incrédule. L’insuffisance et la qualité calamiteuse des infrastructures socio-économiques de base, les stratégies pour les améliorer préoccupent les candidats dont nombre sont cependant évasifs à la fois sur le financement et les modalités pratiques de leur démarche.

Si les concurrents sont prolixes sur les carences et les dérives des gouvernances antérieures du pays, ils sont peu diserts sur leur projet de société. La thématique de l’emploi des jeunes n’est que rarement évoquée par quelques candidats. Les questions de pouvoir d’achat, de justice fiscale sont tout bonnement mises sous le boisseau. On passe par perte et profit, dans la campagne, la crise climatique pourtant d’une actualité criarde. Comme si la Guinée était extraterrestre.

Sur la forme, la campagne paraît moins enthousiaste, moins envoûtante qu’à d’autres époques. Les meetings n’entraînent pas grand monde. Les Guinéennes et les Guinéens sont-ils las de la politique ou des politicards ? Qui sait ? Les discours d’orientation des candidats ou de leurs représentants sur les médias publics n’ont que peu d’échos. Mais tout cela n’étonne guère. Nombre des candidats sont tout bonnement des néophytes, des bleus.

Abraham Kayoko Doré