En vue de la présidentielle du 28 décembre, le prési du Bloc libéral (BL) Faya Millimouno, a décliné les chantiers prioritaires de son projet de société pour la Guinée. En éducation, économie, sécurité, Faya Mini-mono, dans un entretien du 27 novembre avec votre satirique, dresse un tableau sombre de la gestion de la transition.
Le Lynx : Qu’est-ce qui vous pousse à participer à la présidentielle du 28 décembre prochain ?
Faya Millimouno : Mes motivations sont nombreuses, mais la principale reste la situation de décadence morale et spirituelle de notre pays. La Guinée est dans une direction complètement contraire à tout ce que nos ancêtres nous ont légué, tout ce que nous chérissons. Si nous restons les bras croisés, nous risquons de perdre l’âme de notre peuple. J’entre dans ce combat, pour donner une alternative à notre peuple, le combat pour la démocratie, pour l’Etat de droit.
La justice a perdu son sens en Guinée. La sécurité des Guinéens n’est plus une préoccupation des dirigeants, qui se satisfont de constater que des Guinéens sont assassinés, kidnappés, torturés, jetés.
Que proposez-vous de nouveau aux Guinéens ?
Je promets d’offrir une gouvernance vertueuse qui établira la confiance et un partenariat public et privé, développer tous les secteurs de notre économie, avec une ressource humaine bien préparée. Parce que les finances, les compétences, les biens matériels du pays sont mal gérés. Il faut que cela change. Il faut casser la bureaucratie qui envahit, qui absorbe toutes les ressources du pays en laissant le peuple dans la pauvreté. Une fois au pouvoir, nous instituerons une gouvernance restreinte, mais efficace, conduite par des hommes et des femmes choisis pour leur mérite et compétence.
Que comptez-vous faire de la constitution déjà dont vous étiez très critique lors de sa vulgarisation ?
Nous ne proposerons pas de nouvelle Constitution, car toute constitution est amendable. La nôtre est remplie d’institutions budgétivores dont l’importance n’a pas été éclairée au peuple. Nous nous débarrasserons du Sénat. Nous allons décentraliser véritablement le pouvoir et nous débarrasser des structures de tutelle qui asphyxient, tuent les initiatives et élargissent la corruption et le détournement.
Quel est votre projet Éducation ?
Le deuxième axe sur lequel nous allons porter notre gouvernance, c’est le développement du capital humain. Dieu nous a doté de ressources, mais nous sommes en train de les voir partir, par manque de connaissances, de techniques, de technologies. Il faut outiller les Guinéens, surtout les jeunes, afin qu’ils prennent leur place. Si nous ne nous préparons pas bien, le pays sera perdant. Nous avons promis une gouvernance restreinte, il n’y aura pas trois départements ministériels, mais un seul département pour l’Éducation. Les programmes de l’éducation obsolètes, seront revus. N’est pas enseignant qui le veut, mais en Guinée, c’est le contraire. Nous ferons en sorte que l’école privée qui résout un grand problème dans notre société, soit soutenue, soit subventionnée. Cela allégera le poids sur les parents d’élèves et permettra à l’Etat de s’impliquer dans la sélection de tout le personnel de l’éducation. Cela permettra encore aux jeunes d’avoir une meilleure formation. Une fois au pouvoir, nous allons consacrer 30% du budget de l’Etat à l’Education.
Quid du système de santé ?
C’est une de nos préoccupations, parce que la mortalité infantile est élevée en Guinée. Faute de soins, des Guinéens meurent. Le problème de santé publique en Guinée est un problème d’hygiène. Le système de santé doit reposer sur l’hygiène publique. Dans les hôpitaux, l’hygiène manque et désespère les patients. C’est pourquoi, des milliers de nos compatriotes se font soigner à l’étranger. Il faut que cela cesse. Nous assurerons une hygiène publique qui nous aidera à résoudre le problème de santé publique. C’est notre vision, 25% du budget de l’Etat sera consacré à la santé, si nous gagnons.
Pour renflouer les caisses de l’Etat, quelle sera votre stratégie ?
Contrairement aux gouvernements successifs qui se sont prêtés à la corruption en ne se focalisant que sur le secteur minier, nous, nous nous focaliserons sur le secteur agro-pastoral. Il créera de l’emploi et apportera suffisamment de richesses. Nous avons 13 millions d’hectares de terre arable. Il faut les valoriser. La pomme de terre est cultivée au Fouta, des paysans qui se battent pour nourrir leurs compatriotes, mais l’administration corrompue accorde des avantages fiscaux à des importateurs et abandonne ses cultivateurs. Si on ne protège pas les producteurs nationaux, la Guinée ne décollera jamais. Moi élu, le secteur agricole connaîtra un investissement réel pour aménager les sols, les enrichir et le monde paysan sera organisé.
Les infrastructures routières en Guinée laissent à désirer. Quelles solutions envisagez-vous ?
On dit que le CNRD a construit des routes à Conakry, mais ces routes construites en 2022 sont devenues de la boue. Elles sont faites sous fond de corruption. Rien n’est fait dans la transparence. C’est du favoritisme, ce qui fait qu’aucune route en Guinée n’a une longévité de plus de 4 ans. Il faut qu’on mette fin à cela. Nous allons construire des routes, parce qu’elles sont vraiment primordiales pour le développement d’autres secteurs.
L’insécurité bat son plein en Guinée. Quelle sera votre stratégie contre le phénomène ?
Nous allons faire en sorte que les institutions de la sécurité et de la défense soient revues complètement. Les dirigeants de ces institutions seront très bien préparés en amont, afin de bien mener la lutte contre l’insécurité. La formation de ceux qui nous protègent se fera de telle sorte que le personnel de la défense et de la sécurité sache clairement qu’un ordre illégal n’est pas exécutable. Donc, l’impunité ne sera pas tolérée. La vie humaine, la dignité seront protégées.
Sachant que tout est prioritaire en Guinée, quel sera votre premier chantier ?
Mon premier chantier sera le démantèlement de la bureaucratie qui doit nous permettre d’épargner suffisamment d’argent, pour l’orienter vers les besoins réels. Nous lutterons contre la corruption en déclarant la guerre à tous ceux qui voudront se servir au lieu de servir.
Quelles sont vos chances de remporter l’élection devant le président sortant ?
Pour que Mamadi Doumbouya gagne face à moi, il faut que les Guinéens aient choisi de renoncer à toutes les valeurs, avoir peur au quotidien, peur d’aller au lit et ne plus se réveiller, renoncer à l’Éducation de leurs enfants ou au vivre-ensemble. Quand des Guinéens se posent la question pourquoi tel n’est pas tué ? Pour que je perde, c’est que quelque part le Guinéen s’accommode au fait que les assassinats, les kidnappings deviennent la règle. Mamadi Doumbouya n’a aucune chance de gagner contre moi. Actuellement, la marque des Guinéens, c’est la peur. Dès que je serai élu, je mettrais fin à cela en Guinée.
Interview réalisée par
Souleymane Bah


