Le 7 décembre, les enseignants contractuels communaux de Kankan recalés au concours d’accès à la Fonction publique de 2024 ont fustigé le protocole d’accord signé le 2 décembre entre le gouvernement et le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (Slecg). Les contestataires accusent leurs collègues du SLECG d’avoir trahi la cause syndicale. Ce lundi 8 décembre, plusieurs perturbations ont été enregistrées dans plusieurs établissements scolaires de Conakry et de l’arrière-pays.

Les signataires du protocole sont unanimes : les enseignants communaux non-retenus passeront inévitablement par des concours, pour être fonctionnaires de l’État. Ils se sentent ainsi « trahis » par le Syndical libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), dirigé par Aboubacar Soumah. Parce qu’ils espéraient intégrer la Fonction publique par décret ou arrêté ministériel à l’issue des négociations entre le gouvernement et l’intersyndicale. Mais le protocole prévoit plutôt l’organisation d’un concours à leur intention.

Les contractuels se sont réunis le 7 décembre au stade de l’université de Kankan, pour dénoncer le fameux protocole d’accord. «Après consultation de nos différentes représentations, nous rejetons fermement le protocole d’accord signé entre le SLECG et le gouvernement. Le mémorandum a été déposé par l’intersyndicale (FSPE et SNE). Nous avons constaté que ces deux structures de l’intersyndicale ont été exclues de la signature du protocole d’accord. Le point concernant les enseignants contractuels communaux non-retenus n’a pas été pris en compte alors que nous avons franchi toutes les étapes pour intégrer la Fonction publique », explique Moussa Diakité, le coordinateur régional des enseignants contractuels communaux de la région de Kankan.

Selon lui, lui et ses camarades disposent de toutes les évaluations, de la biométrie à la pratique de classe, des fiches d’évaluation à l’appui, disponibles dans toutes les Directions préfectorales de l’éducation. «Nous avons de bonnes notations et nous méritons d’être engagés à la Fonction publique. Nous n’accepterons plus une autre désillusion. Nous nous sentons trahis par le SLECG. Ceux qui connaissent notre dossier savent que nous avons servi dans les zones les plus enclavées. Aucune sensibilisation ne nous convaincra tant que nos arrêtés d’engagement ne sont pas signés. Ce n’est pas aujourd’hui que notre lutte a commencé. Nous allons continuer, quel qu’en soit le prix à payer, jusqu’à la signature de nos arrêtés d’engagement », prévient Moussa Diakité. 

« Nous irons jusqu’au bout »

La FSPE et le SNE sont en grève depuis le 1er décembre pour protester contre la signature du protocole d’accord. Ils s’étaient retirés des négociations bien avant la signature dudit protocole, dénonçant « la mauvaise foi » du gouvernement à accéder à leurs revendications, notamment la signature du Statut particulier du personnel de l’éducation. Joint au téléphone le 8 décembre par notre rédaction, Diaka Sow, le porte-parole du Collectif des enseignants contractuels communaux non-retenus de Guinée, a déclaré que les autres préfectures emboîteront bientôt le pas à Kankan.

Elèves manifestant ce lundi 8 décembre à Petit-Simbaya (Commune de Lambanyi), sur la Transversale N°3 reliant Cosa à Nongo.

Lundi 8 décembre, 2e semaine de la grève, des perturbations ont été enregistrées dans plusieurs écoles. « Il y a eu une paralysie totale à Boké, Dubréka, Yomou, Mamou. Il y a eu aussi des perturbations à Conakry : Sonfonia, Matoto, Kénien, Bellevue, Cosa, Petit-Simbaya… Nous irons jusqu’au bout. Tant que nos revendications ne seront pas satisfaites, nous continuerons le combat, car il y a eu une trahison de la part du SLECG », enrage-t-il. A Cosa et à Koloma, des élèves ont manifesté dans la rue, avant d’être dispersés par les forces de l’ordre.

Au total, plus de 4 000 contractuels communaux exigent leur engagement à la Fonction publique. Adama Sow, la présidente de la Fédération guinéenne des parents d’élèves, étudiants et amis de l’école (Feguipae), regrette le fait que « les enfants soient en train de perdre leur droit à l’éducation. La situation risque de perdurer », craint-elle. D’où son appel au dialogue entre gouvernement, FSPE, SNE et Collectif des enseignants contractuels communaux.

Yaya Doumbouya