Depuis des décennies, des conflits armés endeuillent l’est de la République Démocratique du Congo, RDC. La paix y a toujours été intermittente. Le conflit entre les Tutsis et les Hutus rwandais s’est propagé à l’est du Congo qu’il continue de gangréner en entretenant, de façon récurrente, un climat conflictuel d’une part entre les communautés et d’autre part entre la RDC et le Rwanda. Pour enrailler définitivement la situation, sous les auspices du Président Donald Trump, les Présidents Congolais et Rwandais ont signé un accord de paix jeudi 4 décembre, à Washington, à l’Institut américain pour la paix, devenu seulement depuis le mercredi 3 décembre Institut Donald Trump pour la paix. Que ne ferait pas Trump pour arborer le prix Nobel de la paix ?
L’Accord est composé de plusieurs volets. Le volet sur la paix comprend un cadre d’intégration économique régionale et un partenariat stratégique avec les Etats-Unis pour l’exploitation des minerais, dont la RDC regorge. Il comprend aussi des dispositions sur le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques (M23, FDLR). Pour Donald Trump, au-delà de sa quête du Nobel de la paix, l’enjeu est surtout économique et stratégique. Il a ainsi exprimé l’espoir que les Etats-Unis puissent exploiter les minerais de la RDC qui pourraient être acheminés vers la Chine. Il n’y a rien de surprenant dans ses propos, tant le milliardaire Trump et les affaires sont comme cul et culotte. Ils ne sont jamais loin l’un de l’autre.
Ce conflit est si complexe qu’il est considéré comme un contefili aussi bien par les protagonistes que par la communauté internationale qui leur volent au secours. Déjà en 2024, le Qatar avait réussi la prouesse de regrouper à Doha, autour de la table de négociations, les Présidents rwandais et congolais, sans toutefois aboutir à la signature d’un accord de paix. On se souvient que c’est le processus de Doha qui a interrompu et étouffé celui de Luanda, initié et conduit sous l’égide du président angolais Joao Lourenço.
Les démarches proposées pour résoudre les différents conflits qui émaillent la Région des Grands Lacs interpellent les politiciens et les intellectuels africains. Dans les États africains, on a coutume de clamer à tout moment et en tout lieu notre souveraineté politique et économique, la recherche de solution africaine aux différends entre nos Etats. Cette fonction est dévolue aux organisations panafricaines (Union africaine-UA) et sous régionales (CEDEAO, CEMAC, SADEC), avec le recours privilégié au principe de subsidiarité. On a alors du mal à comprendre les dirigeants congolais et rwandais qui préfèrent se référer aux Qataris et à Donald Trump, pour le règlement du conflit armé qui les oppose. Les organisations panafricaines et sous régionales ne sont-elles pas fiables et responsables à leurs yeux ? Leur pair angolais n’a-t-il pas, en dépit de leur promiscuité, l’envergure et la perspicacité requises pour leur apporter son soutien dans la résolution de leur conflit ?
Comme le diable est dans les détails, la mise en œuvre de l’Accord contient les points d’achoppement, notamment au niveau de la démilitarisation et la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) par la RDC ainsi que le retrait du Mouvement du 23 mars (M23) de la RDC par le Rwanda. La grise mine du Congolais et du Rwandais après la signature de l’Accord est de mauvais augure.
Abraham Kayoko Doré


