Le 7 décembre, le mouvement Génération pour la Modernité et le Développement (GMD), soutien de la candidature présidentielle de Mamadi Doumbouya, a lancé sa campagne dans la ville de Pita. A l’occasion, le siège du directoire préfectoral de campagne a été inauguré sur fond de mobilisation mitigée.

Le ralliement de l’esplanade de la préfecture a débuté aux environs de 14 heures. Trois heures après, on y dénombrait quelques centaines de personnes. Venus des différentes sous-préfectures et autres localités, femmes, hommes et adolescents scandaient des slogans du genre: «Pita, c’est 100 % Mamadi Doumbouya» ou «Coup K.O dès le premier tour à Pita». Les autorités communales et préfectorales, les sages, des leaders d’associations de femmes, des artistes ainsi qu’une délégation de la Primature ont participé à la cérémonie.

Le président de la Délégation spéciale de Pita, Youssouf Bah, a vanté les réalisations dans sa commune du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), la junte aux commandes de la Guinée depuis quatre ans. Saluant la nomination du Premier ministre Bah Oury directeur national de campagne du candidat de GMD, il a appelé la population à soutenir Mamadi Doumbouya : «Cet homme a œuvré pour Pita : régularisation de l’électricité, construction de routes, édification de trois centres de santé modernes. Il n’est pas notre ennemi. Faisons la campagne et votons massivement pour lui le jour du scrutin.»

Le directeur préfectoral de campagne et cadre du ministère des Mines, Mamadou Saïdou Bimbirico Barry, a de son côté longuement détaillé les acquis du CNRD. Il a exhorté la population de Pita à défendre le projet de société du candidat du pouvoir : «Son meilleur atout, c’est son bilan et la vision qu’il porte. Nous sommes déterminés à mener une campagne efficace dans les districts, secteurs et quartiers pour une victoire dès le premier tour.» Il a appelé au respect des règles démocratiques, à la paix et à une attitude responsable tout au long de la campagne.

Motivations

D’aucuns disent avoir entendu l’appel, à l’instar de Lamine Bah, président de la jeunesse de Gadha-Petit : «Depuis le début, les sages nous ont demandé de suivre celui qui pourra travailler pour nous. Aujourd’hui, c’est Mamadi Doumbouya qui dirige et il a prouvé. Ici, il y a l’unité pour suivre le GMD. Nous espérons qu’il fera de grandes réalisations pour Pita.»

Le choix de Mamadi Doumbouya de confier la direction de campagne à son Premier ministre, natif de Pita, semble également peser sur la balance. «Je participe à la campagne à cause de Bah Oury. Pita n’a jamais eu de Premier ministre avant lui. J’irai voter pour régulariser mes documents : on dit que ceux qui n’ont pas voté au référendum ne peuvent même pas acheter une carte SIM. Je voterai toujours et cette fois, ce sera pour Doumbouya», promet Souleymane Bah, habitant de la commune urbaine.

Boycott

D’autres ont toutefois préféré rester à la maison. Bachir Diallo, vendeur de pièces détachées, ne veut pas mêler travail et politique : «Ce n’est pas cette mamaya qui nourrit ma famille. Je ne participe à aucun mouvement. Le jour de l’élection, je ne voterai pour personne.»

Affiche de campagne du candidat Mamadi Doumbouya à Pita

Au sein de l’opposition locale, les rares voix qui s’expriment refusent toute idée de soutenir le candidat de GMD. Saliou Barry, tenancier d’un café dans la commune urbaine, se veut plus tranchant : «Tant que Cellou Dalein Diallo est écarté de l’élection, je ne ferais campagne pour personne. Je milite pour l’UFDG depuis 15 ans. Même si tout Pita va, moi je n’irais pas.»

Hormis le rassemblement organisé par le mouvement Génération pour la modernité et le développement (GMD), on note l’absence des huit autres candidats à la présidentielle du 28 décembre à Pita. La campagne s’annonce donc très polarisée dans une ville où les motivations varient entre conviction réelle et opportunisme politique.

Abdoulaye Bah

Envoyé spécial