1er décembre 2024-1er décembre 2025. Un an qu’une bousculade au stade de Nzérékoré lors de la finale d’un tournoi doté du trophée du président de la transition, Général Mamadi Doumbouya, faisait 56 morts et plusieurs blessés, selon un bilan officiel, 140 morts, 11 disparus et plusieurs blessés, selon des organisations de défense des droits de l’Homme. L’enquête annoncée n’a pas encore donné de résultats.
Un an après la tragédie de Nzérékoré, aucune action en justice. Pourtant, le gouvernement avait annoncé l’ouverture d’une enquête. Un rapport administratif avait été même transmis au Premier ministre, Amadou Oury Bah, environ deux mois après le drame. Ce rapport n’a pas encore été rendu public.
A cette commémoration, le Conseil supérieur de la diaspora forestière (CSDF) appelle à la vérité, à la justice et à la dignité pour les victimes de la tragédie du 1er décembre 2024. Dans une déclaration, le CSDF, avec une profonde douleur, a rendu hommage aux victimes de la tragédie humaine survenue au Stade de Nzérékoré. « Ce drame, rappelle-t-il, a coûté la vie à environ trois-cents (300) personnes, principalement des adolescents, fauchés dans des circonstances qui demeurent encore […] entourées d’opacité et de silence institutionnel », déclare le Conseil. Une année après, la douleur demeure entière, écrit la diaspora réunie au sein d’un Conseil supérieur.
L’organisation affirme également que les familles endeuillées sont laissées pour compte « face à l’immensité de leur perte », elles vivent toujours « dans une désolation profonde. Aucune prise en charge psychologique, sociale ou financière digne de ce nom n’a été mise en place. La plupart de ces familles, abandonnées à elles-mêmes, se battent chaque jour pour survivre, alors même que la nation leur doit soutien, vérité et réparation. Le Gouvernement avait annoncé, dans les jours qui ont suivi la tragédie, l’ouverture d’une enquête administrative. Malheureusement, un an plus tard, le rapport officiel de cette enquête n’a toujours pas été publié », déplore le CSDF qui estime que ce silence nourrit les incompréhensions, renforce les suspicions et constitue une entrave grave au droit du public à l’information, à la transparence et à la reddition de comptes.
« Un peuple ne peut guérir lorsque la vérité lui est refusée », poursuit le CSDF qui dit constater « également un blocage injustifié de l’action publique. En effet, ajoute le Conseil, les victimes, les familles et leurs conseils ont, depuis juin 2025, régulièrement saisi la justice et se sont constitués parties civiles, conformément au droit guinéen. Malgré cela, le Procureur près le Tribunal de Première instance de N’Zérékoré refuse toujours de déclencher l’action publique. Cette situation est non seulement juridiquement anormale, mais aussi moralement. Elle porte atteinte au droit fondamental à la justice, au principe de l’obligation de poursuite, et à la confiance du peuple dans ses institutions », lit-on dans la déclaration.
Pour guérir les plaies et envisager une véritable réconciliation, le Conseil réclame au gouvernement une série d’actions. Il s’agit notamment de la publication immédiate du rapport d’enquête administrative sur la tragédie du 1er décembre 2024, afin que « la lumière soit faite sur les responsabilités institutionnelles, organisationnelles et individuelles. L’ouverture formelle de l’action publique par le Parquet de N’Zérékoré, conformément aux plaintes et constitutions de partie civile déposées depuis juin 2025 ; d’engager, sans délai, les poursuites nécessaires pour établir les faits, les responsabilités et les réparations. La mise en place d’un fonds spécial d’indemnisation en faveur des familles des victimes et la reconnaissance officielle de cette tragédie comme un événement national majeur nécessitant commémoration, transparence et justice. Nous rappelons que la justice pour les victimes de la Tragédie du Stade de N’Zérékoré demeure un impératif moral et républicain. Un pays ne peut se construire durablement lorsque des pages aussi sombres de son histoire récente restent sans vérité, sans justice et sans reconnaissance », lit-on dans la déclaration du CSDF.
Le Conseil se dit « disponible pour contribuer, de manière constructive et responsable, à toute initiative visant à établir les faits, apaiser les blessures et restaurer la confiance entre les citoyens et leurs institutions. » Il plaide « la vérité et la justice » pour le repos des âmes des victimes.
Quelques heures après le drame, les autorités guinéennes avaient limogé trois responsables civils et militaires de Nzérékoré, sans avoir fait un lien avec la tragédie. Le Président de la délégation spéciale de Nzérékoré d’alors avait été limogé par le ministère de l’Administration du territoire, pour « faute lourde ». Le préfet et le gouverneur de Nzérékoré avaient été simplement mutés. Pourtant, les 98 familles victimes accusent l’actuel ministre de l’Élevage, Félix Lamah, et celui des Sports Bogola Haba, présents au stade lors de la bousculade. Les deux ministres sont toujours en fonction.
Mamadou Adama Diallo


