Un an après la disparition forcée du journaliste Habib Marouane Camara, administrateur général du site lerevelateur224.com, le silence assourdissant des autorités, voire des associations de presse, inquiète sa famille. Enlevé à Lambanyi, le 3 décembre 2024 par des hommes en tenue de gendarmes selon sa famille, aucune nouvelle de Marouane.

A l’occasion du premier anniversaire de la disparition de Habib Marouane Camara, ce mercredi 3 décembre, le Syndicat professionnel de la presse de Guinée (SPPG) a animé une conférence de presse en compagnie de Mariama Lamarana Diallo, son épouse et de Alpha Midiaou Bah, directeur de publication du site lerevelateur.com. Ils dénoncent le silence de la justice un an après le rapt du journaliste.

Au bord des larmes, Mme Camara Mariama Lamarana a expliqué qu’elle, ses enfants et les parents de son mari traversent des moments difficiles depuis la disparition de Habib Marouane. « C’est vraiment une tristesse, des difficultés au quotidien étant mère de famille, femme au foyer que j’arrive à gérer de tous les côtés. Chaque matin, ce sont les mêmes questions qui reviennent avec les enfants. Le premier garçon qu’on parvenait à cacher la réalité est au courant maintenant. Il a compris que son papa a été arrêté, malheureusement. Pour ne pas vous mentir, c’est une situation très compliquée pour moi. Il y a son garçon qui est malade, il fait des crises parfois les nuits. Imaginez, laisser un nouveau-né et envoyer un autre enfant tard la nuit à la clinique, comprenez ce  que je traverse. Du côté de sa famille, c’est autre chose. Aujourd’hui, Habib Marouane a laissé une mère très triste, qui ne sait plus à quel saint se vouer, une mère qui n’arrive plus à se nourrir convenablement. Son père qui est malade, en état de vieillesse, également. C’est vraiment insupportable. »

Mariama Lamarana a confié qu’elle reçoit des appels téléphoniques nocturnes d’inconnus, d’appels masqués à 3 h du matin. Histoire de l’intimider, mais « c’est peine perdue », affirme-t-elle. « Je ne perds pas cet espoir, je vais continuer. Je ne vais pas m’arrêter tant que je ne récupère pas mon mari à la maison ». Mariama Lamarana a rappelé que son mari Marouane était malade au moment où il a été kidnappé. « Je ne sais pas s’il a accès aux médicaments. J’interpelle les  autorités de m’aider à retrouver mon mari. Je plaide pour leur implication ».

Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG, a rappelé que depuis la disparition du journaliste, le syndicat a mené des démarches auprès des autorités et toutes les structures qui pourraient les aider. Selon lui, le Premier ministre, Amadou Oury Bah, avait garantie que si Habib Marouane était dans les mains des services d’État, ses droits seraient respectés, son dossier serait traité conformément à la loi. Aussi, le SPPG a demandé à rencontrer le ministre de la Justice, celui-ci les a redirigés vers le Procureur général qui, également, leur a demandé de se contenter de la procédure enclenchée par les avocats. D’autres sollicitations au niveau des hautes autorités sont restées vaines, indique le syndicat de la presse. « Le bureau du syndicat ne va pas vous mentir. À date, nous n’avons aucune information concernant Habib Marouane Camara. D’ailleurs, nous commençons à perdre de l’espoir. Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Où est-ce qu’il est ? Qui le détient ? Est-ce qu’il vit encore ? Parce que cette question, beaucoup d’entre vous nous la posent, quand on se rencontre. Je sais que si tout le monde avait l’occasion de nous rencontrer, on allait nous poser la même question. C’est pourquoi, les autorités doivent tout faire pour nous éclairer. Il est de la responsabilité de l’État, c’est une obligation pour l’État, de garantir la sécurité à tous les Guinéens, y compris aux journalistes. Par conséquent, quand nous avons un tel problème, c’est à lui que nous nous adressons ».

Alpha Midiaou Bah, directeur de publication du site lerevelateur224.com, dénonce le silence des associations de presse depuis l’arrestation de Habib Marouane Camara. « Nous invitons les associations de presse à s’impliquer dans cette affaire. Se taire n’est pas la solution. Aujourd’hui, c’est Habib Marouane Camara, hier, c’était le journaliste reporter d’image Sanassy Keita, qui sait demain à qui le tour ? »

Ibn Adama