Le 6 août restera surement dans les annales de l’histoire de la sous-région ouest-africaine. Ce jour Alpha Grimpeur et Alassane Ouattara ont officiellement annoncé l’enterrement de la démocratie en Guinée et en Côte d’Ivoire. Le premier a pris acte du choix de sa personne comme candidat du RPG arc-en-ciel pour briguer un 3e mandat, le second a officialisé sa candidature à la présidentielle du 31 octobre, après le décès de son dauphin de Premier ministre Amadou Gon Koulibaly, candidat du RHDP. Cette posture des deux chefs d’Etat inquiète le Mouvement panafricain Tournons la page.
Cette organisation de la société civile africaine estime qu’Alpha et ADO sont en train de sacrifier l’alternance, de menacer la démocratie : « Ces deux présidents, âgés respectivement de 78 ans et 82 ans, alors que la majorité de la population de ces pays a moins de 18 ans, ont modifié la Constitution cette année et désirent malgré la désapprobation d’une grande partie de l’opinion nationale et internationale, se maintenir au pouvoir (…) En voulant priver leurs peuples de toute possibilité d’alternance démocratique et pacifique, Alassane Ouattara et Alpha Condé perpètrent un coup d’État. Le coup d’État contre la Constitution a la même charge de violence qu’un coup d’État militaire : il confisque non seulement le pouvoir, mais aussi les institutions censées le limiter. Il doit être condamné et traité avec la même fermeté ».
Tournons la page est certain que le passage en force que les deux présidents veulent opérer aura un impact sur les autres pays de la sous-région. « Ces coups d’Etat constitutionnels s’attaquent aussi aux instruments régionaux et sous régionaux de promotion de la démocratie. Ils violent la charte de la démocratie de l’Union africaine, qui prohibe « toute révision des constitutions qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique » (article 23) mais aussi l’article 1er du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO ».
Le mouvement Tournons la Page pousse l’Union africaine, la CEDEAO (qui restent pratiquement aphones depuis le début de ces crises), l’Union européenne « à condamner les tentatives de coups d’Etat constitutionnels, d’adopter des positions fortes y compris aux Nations Unies. A organiser dans les plus brefs délais un sommet extraordinaire de la CEDEAO visant à trouver une solution respectueuse des constitutions de ces deux pays ». Il demande également de sanctionner toutes les personnes impliquées dans la répression ayant précédé le référendum du 22 mars 2020, en faisant notamment recours au gel et à la surveillance de leurs avoirs à l’étranger, à l’interdiction des visas, à l’annulation des titres de séjour… Excusez du peu !
Yacine Diallo