Foniké Menguè au tribunal : « Je suis le prisonnier du Président Alpha Condé »
Foniké Menguè au tribunal : « Je suis le prisonnier du Président Alpha Condé »

Le procès d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè s’est ouvert le 6 août au tribunal de première instance de Dixinn. L’activiste, responsable antennes et mobilisation du FNDC, est traduit devant le tribunal pour deux affaires. Il est inculpé pour « menaces, notamment de violence ou de mort, par la mise à disposition d’autrui d’informations de nature à troubler la sécurité publique ». Des faits prévus et punis par les articles 28 et 31 de la loi L/037 relative à la cyber sécurité et des données à caractère personnel. Il est également accusé de communication et de divulgation de fausses informations (article 519 du Code pénal).

Dès l’ouverture de l’audience, le mystère public a sollicité la jonction des deux affaires. « Monsieur Oumar Sylla est le seul accusé dans ces affaires. Il est préférable de les joindre », déclare le pro-crieur, Sidy Yala N’Diaye. Une requête acceptée par les avocats (sans vinaigrette) de la défense : « La question aurait pu être débattue devant le juge d’instruction, mais le tribunal peut joindre les dossiers pour permettre à notre client d’être jugé sereinement », estime Me. Salifou Béavogui. Alphonse Charles Whrith, prési du tribunal prend acte.

A la barre, Faoniké Menguè plaide non coupable, rejette catégoriquement les accusations de communication et de divulgation de fausses informations. Il affirme plutôt avoir été enlevé devant son domicile « Je suis un révolutionnaire, et le révolutionnaire, c’est celui qui défend son peuple. Quand nous avons compris que notre démocratie est menacée, nous ne pouvions rester les bras croisés. Nous nous sommes levés pour dire non. Le 17 avril, j’étais chez moi, j’ai vu arriver plusieurs pick-up, ils m’ont kidnappé, m’ont amené à la villa 44, ensuite à la DPJ, puis à la CMIS n°7 où j’ai passé 3 nuits avant d’être envoyé à la maison centrale ».

Est-ce que vous avez participé à une émission radio le 17 avril ? lui demande le juge. « Je suis en prison à cause de cette émission ou parce que je suis en infraction, mais parce que je suis opposé au projet de 3e mandat. Je suis le prisonnier du Président Alpha Condé. Quand j’étais coordinateur par intérim du FNDC, il m’a envoyé beaucoup d’émissaires, des cadres, des anciens ministres pour me demander de basculer dans leur camp. Je leur ai fait comprendre que j’ai fait le choix de défendre le peuple », répond Foniké Menguè.
Pour ce qui est de l’accusation de menaces, notamment de violence ou de mort, par la mise à disposition d’autrui d’informations de nature à troubler la sécurité publique, les débats ont tourné essentiellement autour des publications sur le réseau social Facebook, de Foniké Menguè, relatives au combat que le FNDC est en train de mener. Des propos que Sidy Souleymane N’Diaye qualifie de « graves et de natures à troubler la sécurité publique ».

L’audience a été renvoyée au 13 août pour la communication de ce que le mystère public appelle ‘’les pièces à conviction’’, mais également les plaidoiries et les réquisitions. La défense avait, auparavant, sollicité une remise en liberté de leur client. « Il ne fera pas obstruction à la manifestation de la vérité. Sa remise en liberté ne troublerait pas l’ordre public », affirme Me Pépé Antoine Lamah. Le mystère public s’y est opposé énergiquement. « C’est un droit pour le prévenu de présenter une demande de mise en liberté, mais c’est une faculté pour le juge de l’accepter. Rejetez cette demande parce que le FNDC continue à troubler l’ordre public ». Charles Whrith le suit et Foniké Menguè retourne en prison.

Yacine Diallo