Malgré la répression par les forces de l’ordre de la marche pacifique qu’ils ont organisée le 21 juillet, les jeunes de Kankan n’entendent pas lâcher du lest. Ils comptent même accentuer la pression sur le pouvoir en place pour obtenir la construction d’un barrage hydroélectrique devant assurer la desserte en électricité à la Haute-Guinée. Une manif était prévue par le Mouvement pour l’électrification de la Haute-Guinée ce lundi 21 juillet, pour exiger la libération de la vingtaine de jeunes interpellés lors des violences qui ont secoué la ville de Kankan la semaine passée. Mais les leaders de la contestation ont annoncé le report de cette manifestation. Une négociation engagée par le patriarche de Kankan aurait abouti à une trêve : « Nous avons décidé d’arrêter les manifestations pendant un mois pour donner la chance à la négociation que le doyen a démarrée. Cette fois-ci, ils ne peuvent pas dire que nous ne les avons pas écoutés », affirme un des responsables du mouvement. Il ajoute que ce qu’ils se sont dit avec le patriarche reste confidentiel, mais il se murmure que celui-ci s’est engagé à s’impliquer personnellement auprès du chef de l’Etat pour résoudre la crise : « Ils nous ont promis que la construction du barrage de Kogbèdou commencera avant la fin du mois d’août. Nous voulons que les travaux démarrent avant l’élection présidentielle. »
La trêve n’aura finalement été que de courte durée, les jeunes de Kankan qui conditionnaient également l’arrêt des manifestations par la libération des leurs collègues entre les mains des forces de l’ordre se voient rouler dans la farine. Les détenus ont été transférés ce lundi 27 juillet, à la prison civile de Kankan, en attendant le début de leur procès. Un gros dilemme et une provocation pour le Mouvement. Un des porte-paroles annonce la reprise très prochaine des manifestations : « Nous allons redescendre dans les rues de Kankan dans les prochains jours. Cette fois-ci, nous nous ferons accompagner par nos mamans qui sont très déçues par la gouvernance du Pr Alpha Condé ».
Mais à Kankan, beaucoup d’observateurs estiment que le mouvement a pris un sérieux coup après les violences du 21 juillet. Au-delà des cas d’arrestations, ce sont plusieurs meneurs de la contestation qui vivraient aujourd’hui dans la clandestinité.
Yacine Diallo