Dans la nuit du 26 au 27 février 2020, un camion semi-remorque aurait été incendié par des inconnus au quartier Tombolia, commune de Matoto, dans la banlieue-est de Cona-cris. L’incendie s’est produit au plus fort de la crise politique liée à la volonté du Grimpeur de tripatouiller la Constitution du 7 mai 2010. A l’époque, la Direction centrale de la police judiciaire avait présenté cinq personnes accusées d’être derrière cet acte criminel. Parmi elles, Amadou Diogo Barry, chargé de cours de chimie au Lycée de Bonfi. Le Directeur de la police judiciaire, le commissaire Aboubacar Fabou Camara, l’accuse d’être le commanditaire dans cette affaire. Il est écroué à l’hôtel cinq étoiles de Cona-crime depuis plus de 5 mois sans aucune forme de procès.

 Son incération ne laisse pas insensibles ses collègues bouffe-la-craie. Réunis dans un collectif, ils se sont fendus d’une déclaration pour demander sa libération : « Depuis le 5 mars 2020, il est arrêté et détenu à la maison centrale de Conakry. Il n’a aucun antécédent judiciaire. Par cet état de fait, il n’a pu achever le programme qu’il avait commencé à dispenser avec ses aimables élèves. Monsieur Amadou Diogo Barry a contribué à la formation de plusieurs cadres et a été un des enseignants rompus à la tâche pour l’atteinte des objectifs des responsables du lycée Bonfi avec beaucoup de sacrifices. Par cette lettre, nous lui témoignons de notre gratitude, nous compatissons à son épreuve, réaffirmons notre solidarité et plaidons pour sa libération ».

Pour ce collectif de gens-saignants, Amadou Diogo n’est pas celui que Fabou Camara présente. « Il est l’un des rares enseignants qui pratiquent son métier avec passion. Pédagogue, il transmet ses connaissances avec amour à ses élèves qui ont toujours eu de bons rapports avec lui dans un respect réciproque. Monsieur Amadou Diogo Barry n’est pas qu’un enseignant modèle, c’est aussi un homme respectueux et humble qui a toujours été en bons termes avec ses collaborateurs et ses élèves. Pour toutes ces années de service rendu, il n’a jamais fait preuve d’insubordination car il a toujours été un exemple. Au service, il a toujours œuvré pour la compréhension entre la hiérarchie et les collègues dans l’intérêt de tous. Bref, c’est un homme de dialogue ».

Amadou Diogo Barry, influent membre du Conseil national de la jeunesse de l’UFDG, n’en est pas à ses premiers soucis avec les autorités judiciaires du pays. Il avait déjà été interpellé après les élections communales de 2018 pour avoir organisé, avec d’autres jeunes du parti, un sit-in devant le mystère de l’Administration du trottoir et de la Décentralisation. Ils avaient été conduits à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie pour être condamnés à sept jours de prison.

Yacine Diallo