La question est quasi inévitable. Les trois hommes politiques les plus aptes à instaurer la paix et la démocratie en Afrique de l’Ouest ne s’apprêtent-ils pas à jouer les pyromanes pour asseoir durablement la dictature et l’oppression ? Aujourd’hui, les manœuvres pour garder le pouvoir à tout prix sont telles que Bamako, Abidjan et Conakry ressemblent à s’y méprendre au sommet d’un triangle de feu qui ne dit pas son nom.
Les trois mousquetaires de présidents, Ibrahim Boubacar Keita, Alassane Ouattara et Alpha Condé, avaient presque tout pour réussir. Il est incontestable que le premier, IBK, est pétri de savoir et d’expérience. Il a quitté le Mali à l’âge de 13 ans pour aller chercher ce savoir en France. De Paris-Panthéon au CNRS, il a prouvé qu’il l’a eu. Son pays natal en a profité pour lui confier tous les rôles en vue de le sortir du pétrin. Primature, assemblée nationale, maintenant présidence de la république, rien n’y a fait. IBK choisit de boucler la boucle …de la déception. Aujourd’hui, les Maliens ne souhaitent qu’une chose, libérer Koulouba ici et maintenant, puisqu’il n’arrivera jamais à rien. Que nenni ; le potentat aux petits pieds ne veut pas partir. Il faut qu’il tue suffisamment de Maliens pour montrer sa puissance. Il faut qu’il brûle le pays, qu’il embrase la sous-région.
Le deuxième s’appelle Alassane Ouattara. Economiste hors-pair, il a réalisé des prouesses pour sauver la Côte d’Ivoire. Ses compétences, sa rigueur, son dévouement, le plus ingrat des Ivoiriens les lui reconnaîtront aisément. On l’a vu à la BECEAO, au FMI, à la Primature ou à la Présidence ivoirienne. Les résultats sont incontestables. Il s’est retrouvé dans des situations peu enviables. Devant un drame plus que cornélien. Dans un triangle de feu composé de lui-même, Laurent Gbagbo et la Côte d’Ivoire. Tout le monde sait que ces trois-là ne peuvent pas coexister. C’est finalement Laurent qui s’en est allé. A la Haye. Avec toutes les haines accumulées pendant cette ignoble guerre civile. Pourvu que la Côte d’Ivoire reste. Et elle est restée. Fort heureusement. Mais Alassane ne veut plus partir. Malgré les exigences de la loi et la ferme volonté des Ivoiriens. Il faut qu’il recommence à tuer. Il faut qu’il tue suffisamment d’Ivoiriens pour prouver son ivoirité. Il faut qu’il fasse de l’Afrique de l’Ouest un brasier.
Le troisième, le Professeur, c’est Alpha Condé. Vous connaissez le reste, surtout ses prédécesseurs. Ils ne sont pas nombreux. Le plus calé avait le certificat d’études primaires. Vous imaginez les espoirs que le Sorbonnard a soulevés quand il s’est déclaré candidat à la présidentielle guinéenne. Ceux des Guinéens qui ne l’ont pas déclaré élu d’avance se sont tus sur ses méthodes de tricher pour s’accrocher. Par deux fois, il s’est agrippé au fauteuil présidentiel. A présent, l’unanimité est faite que sa présidence est une pestilence. Pour autant, il ne veut pas partir. Il faut qu’il tue les Guinéens. Il faut qu’il en tue suffisamment pour étancher sa soif et alimenter le brasier qui consumera l’Afrique de l’Ouest. Personne ne savait que ce Mandela raté cherchait des appuis à Bamako, Abidjan et ailleurs pour allonger la liste des dirigeants les plus aptes d’asseoir durablement la honte de l’Afrique. Idi Amine Dada, Bokassa, Maréchal Déby, vous n’êtes pas seuls. Rassurez-vous !
Diallo Souleymane