C’est un fichier audio accablant qui a fuité ce mercredi 26 août 2020. Il s’agit de l’extrait d’une conversation qui aurait eu lieu entre le ministre Kiridi Bangoura et le général Sékouba Konaté, qui révèle des malversations lors des scrutins présidentiels de 2010. On y apprend que l’ancien président de la transition a volontairement biaisé le processus électoral qui a conduit Alpha Grimpeur au pouvoir. Si pour l’instant, la date de cette rencontre est encore en train d’être déterminée, elle a eu lieu à Paris afin de réconcilier le Grimpeur avec son ancien allié.
Kiridi Bangoura : « Quand tout le monde disait pendant la transition, est-ce qu’il [Sékouba Konaté] est avec vous ? Je parle en âme et conscience. Moi je ne parle pas souvent. Lui, son problème, c’est mon problème. J’ai toujours dit au président ‘le jour où vous êtes prêt, le jour où Sékouba est prêt pour parler sérieusement, l’un ou l’autre me mandate, je m’occuperais de cette histoire’. Je ne connais personne qui parle aujourd’hui de lui. Les gens se sont servis de la relation entre les deux.
L’ambassadeur a dit quelqu’un chose d’important. Il faut que cette fois-ci, je le dis à mon ami et à mon frère, il a l’intérêt moral, politique qu’il soit à l’aise (…). Sans lui [Sekouba Konaté], on ne serait jamais au pouvoir. Vous savez pourquoi ? C’est moi qui ai fait les 24 points. C’est lui qui a dit ‘réglez-moi les dysfonctionnements pour que vous allez aux élections’. S’il avait dit ‘non, les 24 points existaient lors du premier tout de la présidentielle, vous avez fait l’élection, continuez’. Là où j’ai vu qu’il soutenait le président, il a dit ‘tout ce que vous avez signalé et mis sur papier, respectez ça avant d’aller’. Tant qu’il tenait cette position-là, on était bons. On a pu refaire un retard extraordinaire. Sans ce temps et son autorisation, on n’aurait pas pu. Je le dis entre Dieu et moi. Si j’avais un doute sur lui et sur le président, je ne serais pas venu à cet entretien. Je ne me mêle jamais de dossiers où je ne suis pas convaincu que les deux parties ont intérêt à ce que le dossier marche.
Le grand-frère qui est là, on parlait beaucoup. Pendant la transition, quand il venait me voir, je lui disais ‘protégez Sékouba. Parce que là où il est, vous avez l’impression que c’est nous qui avons besoin de lui, c’est vrai. Mais il a besoin de nous. Protégez-le, vous ne savez pas la chance qu’on a d’avoir quelqu’un comme ça’. Je lui disais aussi ‘Sékouba est clé, parce qu’l ne veut pas garder le pouvoir. Si vous laissez les autres qui sont autour de lui mettre la main sur le pouvoir, ils vont faire du n’importe quoi’.
Je demande à Sékouba d’être à la place du fils. Quelqu’un qui ne nous aimait pas ou qui n’aimait Alpha Condé, il allait simplement dire de respecter le calendrier électoral. Nos adversaires l’ont insulté et combattu ».
L’actuel ambassadeur de la Guinée à Paris reprend la parole pour préciser qu’au premier tour de la présidentielle, « on [le candidat du RPG] venait en 3e position ».
Un certain Norbert Touré, ami de Sékouba Konaté de renchérir : « Quand Kiridi est venu chez moi à Sangoyah, peu de gens à Conakry connaissent mes liens avec Sékouba. Il m’a dit ‘dis à ton frère qu’il ne faut pas que la balle-là va ailleurs ».
Le porte-parole d’Alpha Condé d’indiquer : « On ne peut plus jamais écrire l’histoire de la Guinée sans lui. La vie d’un homme demande des compromis sans se compromettre, mais tu passes des accords avec les gens. Le vieux, c’est son père. Je le dis en âme et conscience. Si Alpha Condé ne croyait pas qu’il était important pour lui, il t’aurait écouté, tu le connais, et aurait commencé à crier. La seule chose qu’il a dite, c’est ambassadeur, appelle Kiridi, je vous demande d’aller rencontrer Sékouba et son oncle. Je demande à mon frère de pardonner et savoir qu’il est devenu un élément important pour le pays. Que personne ne le gaspille. Les gens se sont beaucoup servis de lui. Chacun a pris ce que Dieu a voulu. Aucun d’eux n’a dit ‘ce n’est pas lui qui m’a donné’. Ils sont ingrats, mais ils savent que c’est lui qui a donné. Je lui dis, en âme et conscience, que je suis fier de lui. Les gens croient que son rôle est terminé en Guinée. Je lui demande de se réconcilier avec son père, de savoir, si cette réconciliation est faite, que nous sommes tous à sa disposition ».