En l’absence de la CEDEAO, de l’Union africaine et des autres observateurs étrangers, le double scrutin du 22 mars dernier s’était tenu à huis-clos. A trois semaines de la présidentielle du 18 octobre prochain, Alpha Condé continue de se barricader. L’une après l’autre, il ferme les frontières avec les pays voisins dirigés par des présidents qui lui sont défavorables ou supposés tels. 

Ce fut d’abord avec la Guinée Bissau, dont le président, Umaro Sissoco Embaló, ne fait plus mystère de son soutien affiché au principal opposant d’Alpha Grimpeur, candidat pour la troisième fois à sa propre succession. « Cellou, c’est mon frère, mon candidat préféré pour la Guinée. Si j’étais Guinéen, je voterai pour lui et Alpha le sait ! », avait-il déclaré dans une récente interview à Jeune Afrique. 

Si dans la même interview Embaló assurait que lui et son homologue guinéen seront, malgré tout, « de bons voisins », Conakry ne semble pas l’entendre de cette oreille. 

Les mêmes mesures de fermetures de frontières ont été prises contre le Sénégal, dirigé également par un Macky Sall qui n’a pas toujours été en odeur de sainteté avec Alpha Condé. Même si ces derniers temps tout semblait rentrer dans l’ordre. Les fréquents séjours de l’opposant Cellou Dalein Diallo au pays de la Téranga ces derniers temps ont dû raviver les tensions entre Conakry et Dakar.  

Des réunions subversives en Sierra Leone ? 

Si le Grimpeur avait déjà accusé le vice-président léonais, Mohamed Juldeh Jalloh, de profiter de l’absence du président Maada Bio pour entretenir des mercenaires à l’effet d’attaquer la Guinée, les frontières avec la Sierra Leone demeuraient ouvertes. Mais depuis ce mardi 29 septembre, les véhicules ne franchissent plus le cordon à Pamelap, selon une source jointe sur place. 

Le ministre secrétaire général à la Présidence, Kiridi Bangoura, invité de l’émission On refait le monde sur Djoma média (radio et TV), a évoqué le sujet, avec des accusations somme toutes gravissimes. « Des faits graves se sont produits en Sierra Leone, à Kambia exactement dans le secteur de Maboué dans un hôtel dont la construction est à peine finie. Des Guinéens et des Sierra-léonais s’’y réunissent régulièrement pour planifier des actions qui peuvent toucher à l’ordre public et à la sécurité publique en Guinée. Le Pr Alpha Condé a utilisé les canaux usuels en appelant son homologue, lui demandant de prendre des dispositions pour que ces menées hostiles à la Guinée puissent être contenues surtout qu’il se trouve que le vice-président de ce pays était directement impliqué à plusieurs fois dans ces discussions et dans ces menées ». 

Et de renchérir : « Les frontières ne se ferment pas comme une porte. Quand un État qui a comme première responsabilité la sécurité publique a des éléments concordants qui peuvent être ou constituer des risques pour ces citoyens et pour son territoire, il est fondé de prendre des mesures administratives comme la fermeture des frontières ». 

La CEDEAO à Conakry

Ces fermetures tous-azimuts de frontières violent le principe de libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO. Si jusque-là les mouvements des personnes étaient restreints en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus, le transport des marchandises était libre. 

« La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Africaine (UA) et les Nations Unies entameront, ce jeudi 1er octobre, une visite conjointe de haut niveau à Conakry. L’objectif de la mission est de renouveler le soutien des trois organisations pour la tenue d’une élection présidentielle pacifique, inclusive, et transparente, le 18 octobre prochain », apprend-on d’un communiqué conjoint des trois organisations publié ce mercredi 30 septembre. Espérons qu’elles se penchent sur la question de la fermeture des frontières.  

Diawo Barry