Poursuivi par Sékou Koundouno et Ibrahima Diallo, tous deux membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le directeur central de la police judiciaire et commandant de la Brigade de répression et d’intervention (BRI) n’ont jamais comparu. Conséquence : le juge Charles Wright du tribunal de première instance de Dixinn a fini par émettre un mandat d’arrêt contre le commissaire Fabou Camara et Mohamed Lamine Simakan. Toujours sans succès. Lors d’une récente audience, le magistrat a laissé entendre que c’est par refus du procureur de la République Sidy Souleymane Ndiaye si sa décision est restée lettre morte.
Chez nos confrères du site internet Guinée news, Sékou Koundouno a menacé de se retourner contre ce dernier. « C’est inacceptable, incompréhensible et inadmissible que dans une République, un procureur de la République refuse d’exécuter une décision de justice. Nos avocats comptent user de tous les moyens légaux. Si au niveau national, nous n’obtenons pas satisfaction, nous allons nous tourner vers l’international », a menacé le responsable de la Cellule Balai citoyen de Guinée et membre du FNDC.
Menace qui n’a pas laissé indifférent le procureur de la République qui a cru devoir sortir de sa réserve pour donner des explications. « Je tiens à préciser que la personne privée du procès pénal n’est jamais fondée à élever une contestation sur l’exécution des mandats de justice qui relève exclusivement de l’action publique ».
A la question de savoir ce qui retarde (ou empêche) l’exécution du mandat d’arrêt émis contre le patron de la DPJ et celui de la BRI, Sidy Souleymane Ndiaye répond : « Il faut savoir que dès après le jugement avant dire droit, rendu le 24 septembre par le TPI de Dixinn, sur l’exception d’incompétence, le procureur a relevé appel, en application des articles 575, 591 et 592 du code de procédure pénale. Dès lors, les mandats ne sont pas exécutoires ». Et de renchérir : « A preuve, le dossier de la procédure a déjà été transmis à la Cour d’appel de Conakry qui devra examiner le recours sur la compétence ou non du tribunal correctionnel ».
« Le procureur devrait arrêter sa campagne de désinformation »
Pour l’avocat de Sékou Koundouno et de Ibrahima Diallo, Sidy Souleymane Ndiaye fait diversion. « Sa démarche est illégale, son appel inopportun, conformément à l’article 576 du code de procédure pénale. En effet, son recours ne dessaisit le Tribunal. Dès lors, le dossier de la procédure ne devrait pas être transmis à la Cour d’appel. Par obligation de loyauté, le procureur devrait arrêter cette campagne de désinformation. Il sait pertinemment qu’il est dans l’illégalité. Mieux, le mandat étant exécutoire nonobstant tout recours, le prétendu appel du procureur ne peut faire échec à l’exécution des mandats », a réagi Me Pépé Antoine Lamah interrogé par notre rédaction.
Diawo Labboyah