Dans un rapport de 48 pages, Tournons La Page (TLP), mouvement international réunissant plus de 250 organisations des sociétés civiles africaines autour de la promotion de l’alternance démocratique en Afrique, s’est penché sur les atteintes aux droits de l’homme qui ont entouré la marche du Président Alpha Condé vers un troisième mandat. Synthèse !
Depuis le début de l’année 2019, les tensions se sont amplifiées en République de Guinée lorsque que des proches du Président Alpha CONDÉ ont fait part d’un éventuel projet de réforme constitutionnelle, un changement qui pourrait lui permettre de briguer un troisième mandat. En avril 2019, des organisations de la société civile (dont les membres de TLP-Guinée), syndicats et partis politiques de l’opposition se sont rassemblés au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) afin d’organiser des mobilisations de grande envergure dès le mois de septembre 2019 pour lutter contre le projet de réforme constitutionnelle. Ces rassemblements ont été le théâtre d’une terrible répression policière faisant au moins 52 morts et des dizaines de blessés entre avril 2019 et mars 2020, dont de nombreux jeunes.
En outre, au moins 82 arrestations arbitraires ont été recensées. Certaines personnes ont été arrêtées en pleine rue et envoyées dans des camps éloignés, sans motif ni justification légale. Les militants de la société civile et les habitants vivant dans des quartiers réputés proches des fiefs de l’opposition ont été les principales victimes de cette politique de repression.
Mise en œuvre de façon systématique par le gouvernement entre avril 2019 et mars 2020 dans le cadre des manifestations pacifiques menées par la société civile guinéenne, elle a abouti à la commission d’au moins 52 meurtres, de nombreux blessés et à l’arrestation arbitraire de plusieurs dizaines de civils et leaders de la contestation.
Cette répression sanglante est par ailleurs doublée d’une impunité patente dont bénéficient les représentants du maintien de l’ordre au regard de l’usage manifestement excessif de la force à l’encontre des manifestants.
Ainsi, au regard de l’ensemble des éléments contextuels exposés par TLP, l’attaque lancée par le gouvernement guinéen contre sa population civile est susceptible de caractériser un des actes constitutifs du crime contre l’humanité tel que défini à l’article 7 du Statut de la CPI, soit le meurtre.
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