Deux intellectuels se sont penchés sur la question. Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Guinée, en donne ici l’aspect pratique. Jacques Attali, l’universitaire français que vous connaissez, se penche sur le côté théorique. Quant à vous, vous lirez le tout en silence, à tête reposée.

« Être Président, ce n’est pas juste porter le titre. C’est une manière d’agir; c’est une manière de parler; c’est une manière de se vêtir; en somme, c’est être digne de la fonction présidentielle et rehausser à chaque instant cette fonction. La fonction présidentielle est à honorer par ses actes et des propos de de tous les jours. Un président de la République doit incarner  les valeurs de la République. Il est la vitrine du pays à travers le monde. Il est le garant de l’unité d’un pays. Il n’est donc pas n’importe qui et ne doit pas agir ou s’exprimer comme tout le monde. Sa prise de parole est un acte d’une grande solennité; c’est pourquoi, elle est précédée de l’hymne national. Lorsqu’il parle, chaque fils et fille doit pouvoir se reconnaître dans ce qu’il dit.

Être Président de la République, c’est une manière d’être et une manière de faire. C’est ce qui impose le respect dû au président de la République. Les textes qui répriment l’offense au président de la République ou qui le protègent contre la calomnie ne peuvent pas être efficaces si le président de la République lui-même rabaisse la fonction présidentielle, la jette dans les caniveaux ou dans la poubelle. (MT) »

« Présider la République ne s’improvise pas. Il y faut une connaissance approfondie du pays, une passion pour ses habitants, des compétences administratives et juridiques exceptionnelles, une analyse rigoureuse des enjeux stratégiques du temps, une considérable capacité de travail, une grande mémoire, une immense résistance physique. Et aussi du caractère, une grande maîtrise de soi, une faculté d’anticipation, des repères moraux, une disposition à reconnaître ses erreurs et à changer d’avis ; enfin et peut être surtout, une vision du pays et du monde, et un projet suffisamment fort pour se permettre d’être indifférent aux critiques en acceptant, si nécessaire, une impopularité provisoire »

Attali, lui, avait pris position en affirmant que « François Mitterrand avait tout cela.» Puisque nous, on en a 12, faites comme André Gide : « Ne rien choisir pour ne rien perdre ! »