Les premiers jours d’octobre n’ont pas dû sourire outre mesure à Alpha Grimpeur, le candidat sortant qui, visiblement, souhaite sortir de la démocratie plutôt que du palais présidentiel. Don Kass, le Premier ministre, a ramené de Labé l’illusion d’un coup mal fourré. L’attaque de sa suite a senti le roussi peu après son exécution. Comme le président de l’Assemblée nationale s’est empressé de le damaronronner, le Préfet de Labé n’a pas voulu attendre la fin d’une enquête non encore ouverte pour dire ce qui s’est exactement passé au stade El Hadj Saïfoulaye de Labé. Mais il reste évident que la tournée du PM n’a pas été de tout repos. Et pour lui et ses compagnons, et pour ses hôtes de Dalaba et la démocratie balbutiante qui emmerde ce pays de tradition dictatoriale.

La campagne électorale s’est amorcée malgré tout. Tant bien que mal. L’Etat avait déjà fermé ses bureaux pour expédier cadres en bois et fonctionnaires trouillards à l’intérieur du pays. Ce beau monde s’est chargé de rapporter des nouvelles si mielleuses que rien n’empêchait de penser que les visioconférences du Grimpeur terrasseraient Cellou Dalein à l’issue de l’avant-dernier uppercut. Surtout qu’il avait été déjà isolé de ses électeurs grâce à la générosité légendaire des émissaires du candidat sortant. Par malheur, Alpha Condé accorde à RFI et à France 24 une interview tout aussi légendaire. Les maux se coinncent à la gorge du Président. Celle-ci se noue. Elle refuse de lâcher prise. Au lieu de tout clarifier, les images viennent intensifier la confusion. Les Guinéens se posent la question : « qu’arrive-t-il à notre président ?» Tout semble sens dessus-dessous dans leurs têtes, au point de faire passer au second plan les bourdes de l’ethnocentrisme que les visioconférences avaient distillées au sein de l’opinion.

Patatras, voilà Dalein devant les mêmes médias, RFI et France 24 ! Sa performance est nettement meilleure, malgré les insuffisances notoires. Pire pour Alpha, Dalein mobilise des foules en Forêt. Il s’en est fallu de peu que le petit écran ne claque. Le président-candidat s’énerve, engueule, malmène. Rémy Lama et Papa Koly ne sont plus sûrs de rien. Alpha leur dit à peu près ceci : « vous avez beaucoup parlé. J’ai beaucoup écouté, mais ce que vous m’avez dit n’est pas ce que moi j’ai vu. Rompez ! » Il faut reprendre la campagne avec une main de fer qui ne saurait ressembler à autre chose que l’enfer pour Dalein. Il faut sortir du Palais pour honnir le larbin. Il faut faire entendre la voix du président élu, tracer la voie à ces masses en perdition. Avant tout, la Forêt, c’est Alpha. La Haute Guinée, itou ! On verra ce que l’on verra, mais ce ne sera que cela.

Commencent alors les urgences. Les vraies. Réhabiliter, booster, remettre l’hélicoptère en état de marche. Choisissez le terme que vous voudrez, mais il faut un hélico pour parcourir la Guinée utile. Dalein prendra celle, futile. Eurocopter est toujours à Marignane, près de Marseille, non ? Sinon, voyez à Dugny, près de Paris. C’est urgent, mon Dieu ! Qu’ils s’amènent pour tirer Alpha de cette galère.

A la six, quatre, deux, voilà les deux experts d’hélico à Kaloum.

Bonjour, messieurs, mon hélico en vitesse !

A la six, quatre, deux également, voilà l’hélico ! En express ! Avec toutes les certitudes.

Bonjour, hélico ! Il n’est pas question que le Président-Candidat perde la face ! Il ne s’appelle pas Dalein ! La vraie bagarre s’engage. Samedi 3 octobre, quelques opérations de saute-mouton de Cona-cris à Coyah. Dimanche 4 octobre, à N’Zérékoré, les choses sérieuses commencent. Vous avez vu Dalein, non ?

DS