Le sobriquet va paraître curieux, mais est bien à propos au sujet du journaliste Ben Daouda Sylla rappelé à Dieu le Tout Puissant et Miséricordieux le 18 octobre dernier. De longues relations professionnelles et personnelles me liaient avec le défunt. Au plan professionnel, par mes fonctions de syndicalistes et de  consultant, il me mettait régulièrement à contribution pour les dépêches et câbles, qu’il envoyait à la radio Africa N°1. Et par la force des choses, je lui collé le nom de Tamtam. Même dans mon téléphone, son numéro est enregistré Tamtam. C’est avec une bonne dose d’humour, qu’il a pris mon initiative…Au plan personnel, il se trouve que j’ai fait le lycée avec feu Petit Barry, le frère à son épouse Hadja Issatou. Et depuis cette découverte, Hadja m’appelle Kötö.

Le destin est parfois cruel et inattendu ; hospitalisé au CHU Ignace Deen, le Tamtam ne m’a jamais informé qu’il était malade. Il y a une dizaine de jours, il m’a appelé me demander un renseignement, que je lui ai communiqué. C’est deux jours après, que sa fille aînée, qui habite le même quartier que moi, qui m’informe de l’hospitalisation de son père. Sur le champ, j’appelle Ben Daouda, qui ne décroche pas, mais me répond par SMS en expliquant de quoi il souffre.

Ben Daouda Sylla, qui n’est de monde ici-bas, aura été un journaliste exemplaire, qui mérite d’être cité dans les facultés de journalisme du pays. Son professionnalisme et son souci de la perfection impose le respect et la considération pour son travail. Et pour s’en rendre compte, je publie in extenso la réaction de El Hadj Ansoumane Bangoura, un doyen de la presse, qui n’est plus à présenter, qui a réagi à l’annonce de son décès : Citation ‘’ ….Ben Daouda Sylla aura été l’un des meilleurs journalistes que j’ai jamais connus et respectés. Au plan moral, il aura incarné la noblesse du journalisme comme peu le peuvent et le font chez nous et ailleurs. Au plan professionnel, Ben aura été très rigoureux dans la rédaction, le reportage et les entretiens. Pour lui, le journalisme aura été un art. Il était très porté à la confraternité. Il aura grandement contribué à l’épanouissement de la presse et à l’émancipation des professionnels de la communication en général.

J’admirais chez Ben Daouda Sylla, ce souci d’afficher tout le monde à la même enseigne et de traiter tout le monde pareillement à son micro ou dans sa salle de rédaction. Que vous soyez savetier ou prince, peu lui challait : aucun privilège, aucune discrimination. Personne n’a jamais réussi à lui faire faire ou à lui faire dire ce qu’il ne tenait pas pour exact et conforme à ses normes de journaliste. Il a par exemple, pendant plus de dix ans refusé de céder aux injonctions de responsables du Ministère de l ‘ Information malgré la suspension de son salaire. Pour Ben, le Journalisme est un sacerdoce dont le premier vœu est de dire non au blâmable à la manière de Hugo, ce personnage de Jean Paul Sartre s’écriant finalement :  » irrécupérable  » ! Ben écrivait bien. Ben parlait bien. Il ciselait les mots et assaisonnait la parole avec la dose d’emphase permise au bon, au vrai journaliste, au professionnel du métier. Ben avait en lui et pour lui cette vertu fondamentale du journalisme qu’est la modestie, la retenue. Il savait s’effacer et mettre l’autre en valeur. D’ où son attachement aux revues de presse et sa prédilection à faire des interviews. Ses revues de presse et ses interviews me bluffaient. Peu d’ entre nous, journalistes Guinéens, sont aussi bons que lui à faire des revues de presse et des interviews. En ces exercices, Ben Daouda Sylla m’a toujours rappelé un autre grand de la presse Guinéenne : feu Abdourahamane Diallo dit D Z (Doura Zazou).

Il serait profitable aux uns et aux autres que le talent et le personnage de Ben soient intensément et souvent exposés. Ben doit inspirer. Ben doit susciter des vocations. Nous devons lui savoir gré d’avoir été un journaliste de qualité comme la Guinée en connaît peu. Il a beaucoup apporté à la Guinée en participant grandement à sa démocratisation, donc à son progrès.

Mon hommage à Ben est très appuyé. Il est sincère et partagé. L’avalanche de bonnes paroles qui enflent depuis son décès rend compte de sa grandeur, de son taux d’utilité pour la Guinée et pour le journalisme. Peut-être bien que cela enchantera les anges supérieurs et lui vaudra largement les faveurs de DIEU…’’

Thierno Saïdou Diakité