En 2010, c’est Alpha Condé qui s’était autoproclamé vainqueur de la présidentielle avant les résultats de la CENI. Le compte rendu de l’AFP

Guinée: Alpha Condé revendique sa victoire à la présidentielle, incidents à Conakry

L’opposant historique de Guinée, Alpha Condé, a revendiqué lundi sa victoire à l’élection présidentielle lors d’une conférence de presse à Conakry, au moment où des incidents opposaient dans la capitale des partisans de son adversaire, Cellou Dalein Diallo, aux forces de l’ordre. « Moi, je sais que j’ai gagné », a affirmé M. Condé alors que les résultats officiels du second tour n’ont pas encore été proclamés. Le second tour du scrutin présidentiel a eu lieu le 7 novembre et a opposé Alpha Condé à l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo qui a depuis déposé des réclamations pour « fraudes ».

« J’ai gagné quatre communes sur cinq à Conakry, toutes les préfectures de Basse-Guinée à part Boké, toutes les préfectures de la Forêt et de la Haute-Guinée. Comment voulez que je ne gagne pas ? », a déclaré Alpha Condé. En dépit d’un appel « au calme et à la retenue » de Cellou Dalein Diallo –qui avait précisé dimanche, « pour le moment »–, des incidents se sont produits lundi matin entre ses partisans dans plusieurs quartiers de Conakry, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Plusieurs rues de ces quartiers étaient barrées par les forces de sécurité qui étaient harcelées à coups de pierres et projectiles divers jetés par des groupes de jeunes militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de M. Diallo, qui ont mis en place des barricades et brûlé des pneus. Alpha Condé a estimé que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) « doit publier les résultats ce lundi et respecter les délais impartis ». « Le peuple a voté dans le calme massivement avec une grande maturité », a noté Alpha Condé, et « le monde entier l’a félicité ».

La Céni devait décider lundi si elle retardait ou non la publication des résultats, initialement prévue à la mi-journée, à la suite d’une demande de Cellou Dalein Diallo pour les différer. M. Diallo avait demandé dimanche à la Céni de « prendre le temps » de bien examiner toutes les « réclamations » pour « fraudes » qu’il avait présentées, menaçant de ne « pas accepter » les résultats provisoires du scrutin s’ils étaient annoncés immédiatement.

Les résultats partiels jusqu’alors publiés par la Céni donnaient MM. Condé et Diallo au coude à coude. A propos des réclamations de son adversaire, M. Condé a estimé que « quand on veut un Etat de droit, on commence par respecter le suffrage universel ». Il a affirmé que « tout contentieux électoral doit être porté devant la Cour suprême ». La campagne électorale avait été marquée depuis septembre par des violences politico-ethniques, M. Diallo étant d’ethnie peule et M. Condé malinké. Elles ont fait au moins un mort et des dizaines de blessés, selon divers témoignages. Après 52 ans de régimes dictatoriaux ou autoritaires, les Guinéens ont voté massivement, le 7 novembre, pour départager deux civils, près de quatre mois après le premier tour du 27 juin, au cours duquel M. Diallo était arrivé en tête avec 43% des voix face à M. Condé (18%).

Le jeu des alliances et l’importance du vote ethnique en Guinée ont permis à M. Condé de refaire son retard, selon les résultats partiels de la Céni.

Publié le 15/11/2010 à 13:28