Le monde syndical guinéen est en deuil. Louis M’Bemba Soumah, longtemps secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée, a rendu l’âme hier dimanche 1er novembre par suite de maladie. Louis M’Bemba Soumah s’était pratiquement retiré de la vie syndicale depuis 2 ans. Au sein du monde syndical, c’est l’émotion. Aboubacar Soumah, secrétaire général du SLECG, avait eu, à un moment donné, des différends avec le défunt, mais il garde aujourd’hui le souvenir d’un homme qui a chèrement défendu les intérêts des travailleurs guinéens : « Le mouvement syndical guinéen a perdu une icône. C’est une grande figure du syndicalisme en Guinée. Il a toujours été respecté par les enseignants du fait qu’il soit membre fondateur du SLECG depuis 1990 et membre fondateur de l’USTG. Toutes les augmentations salariales qui ont eu lieu de 1990 à nos jours ont eu lieu en partie grâce à sa détermination et à son combat ».

Mais ces dernières années, le mouvement syndical guinéen traverse une véritable zone de turbulence. La CNTG, l’USTG, le SLECG et d’autres centrales syndicales ont enregistré ou enregistrent actuellement des bicéphalismes où des factions rivales se disputent le leadership. Aboubacar Soumah appelle à une réelle introspection : « Le gouvernement a toujours cherché à diviser le mouvement syndical guinéen. Il y a eu division à la CNTG, à l’USTG, cela concerne le mouvement syndical guinéen. C’est parce que certains éléments syndicalistes se sont prêtés à la corruption avérée du gouvernement. Certains responsables syndicaux ont plutôt un penchant pour le gouvernement. Il faut qu’on fasse une rétrospective sur la situation syndicale afin que nous puissions donner une autre vie au mouvement syndical guinéen ».

Le secrétaire général du SLECG cite pour preuve l’augmentation unilatérale des prix du carburant par le gouvernement en juillet 2018 sans dire mot à l’inter-centrale CNTG-USTG : « Il y avait une entente entre le gouvernement et le syndicat sur la flexibilité du prix du carburant. Mais avec la division, nous n’avons pas pu négocier avec le gouvernement parce que certains de nos responsables sont aujourd’hui du côté du gouvernement. On ne défend plus les travailleurs, on défend la partie gouvernementale ».

Yacine Diallo