19 novembre 2020 – On ignore la date du jugement de Ibrahima Chérif Bah, Ousmane Gaoual Diallo, Etienne Soropogui, Mamadou Cellou Baldé et Abdoulaye Bah, placés en détention à la Maison centrale de Conakry, pour le moment.
« Nous avons quelques inquiétudes. Lorsqu’on parle de stockage, de fabrication, de détention d’armes de guerre, ce sont des infractions à caractère criminel. Dans sa mission, le juge d’instruction accomplit un certain nombre d’actes pouvant s’étaler sur plusieurs semaines, voire mois. Comme on est en matière criminelle, le mandat de dépôt peut être valable jusqu’à six mois, renouvelable pour une nouvelle période de même durée. Une détention de quatre ou six mois d’acteurs politiques est très lourde », constate Me Mohamed Traoré, membre du collectif des avocats des opposants en détention, lors d’une conférence de presse ce jeudi 19 novembre à Conakry.
Un recours est toutefois possible devant la première Chambre de contrôle de l’instruction de la Cour d’appel contre une détention injustifiée ou prolongée. Les avocats l’ont d’ailleurs introduit dès le lendemain de l’inculpation et du placement sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Conakry des prévenus. Ils sont dans l’attente de la décision. Mais « on a une inquiétude », alerte Me Mohamed Traoré. « Lorsque Sékou Koundouno et Ibrahima Diallo ont été pour la première fois placés sous mandat de dépôt, nous avions saisi la présidente de la première chambre de contrôle de l’instruction. Après examen du dossier et de nos arguments qu’elle avait trouvé fondés, elle avait rendu une ordonnance de remise en liberté. Le parquet général, qui y était opposé, s’était rendu compte que c’est une décision sans recours. Dès le lendemain, les deux personnes qui étaient à la Maison centrale ont été libérées ».
Le scénario coup de force
Cependant, Saïkou Yaya Diallo, l’autre membre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), n’a pas eu cette chance. « Nous avons usé de la même procédure qui a également abouti à une décision de mise en liberté. Mais les choses ont été très compliquées. Le procureur général s’est opposé illégalement à sa libération en déposant un recours devant la Cour suprême. Saïkou Yaya Diallo est en conséquence resté en prison jusqu’à son jugement récemment ». Les avocats promettent malgré tout de se battre par tous les moyens légaux pour obtenir la liberté de leurs clients.
Une justice à deux vitesses ?
Certains prévenus habitent en dehors des zones couvertes par le parquet de Dixinn qui, dans sa déclaration du 11 novembre, avait désigné les quartiers de Lambanyi, Wanindara, Sonfonia (commune de Ratoma), Cimenterie et Fofomérè (Dubréka) comme étant les lieux de commission des infractions. Il s’agit de Abdoulaye Bah et de Cellou Baldé qui résident respectivement à Kindia et Labé. « Ce n’est pas forcément la manifestation de la vérité qui intéresse les initiateurs de cette procédure, ni la protection de l’ordre public. Sinon, il y a eu et il y a dans certaines parties de la Guinée des violences contre des citoyens, mais vous n’entendrez jamais qu’il y a eu des arrestations là-bas. C’est comme si les auteurs de ces violences bénéficiaient d’une certaine protection de la loi. C’est ce qui nous conforte dans l’idée que toute cette procédure vise à affaiblir l’opposition politique ».
Diawo Labboyah