Le gouvernement guinéen a rouspété, niant en bloc les accusations d’exaction des forces de l’ordre à l’égard des citoyens, dénoncés par Amnesty international. Le 25 octobre, en pleine crise électorale, l’organisation a publié un article dans lequel elle fait mention de « récits de témoins, des vidéos et images satellites analysées, confirmant les tirs à balles réelles par les forces de défense et de sécurité sur des manifestants ». Le 19 novembre, le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara, s’est dit étonné de ces conclusions.
En fait, le quotidien français, La Croix, a publié un article intitulé « En Guinée, la dérive autoritaire d’Alpha Condé », inspiré des affirmations de Fabien Offner, chercheur en Afrique de l’Ouest pour Amnesty International. L’article impute aux autorités guinéennes une dérive anti-démocratique et violente contre l’opposition. Le ministre s’en offusque : « Cette approche arbitraire ne fait malheureusement que confirmer la légèreté avec laquelle l’actualité guinéenne est généralement abordée par des personnes qui, la plupart du temps, ne mettent jamais les pieds dans notre pays. Dans le cadre de cet article justement, La Croix s’appuie sur le témoignage d’un représentant d’une ONG qui s’est spécialisée dans le dénigrement systématique de la Guinée et qui, elle-même, utilise comme source d’informations des organisations locales dont l’ancrage politique est clairement avéré. Il en résulte une approche sélective de la situation qui se résume à diaboliser à tout prix le gouvernement guinéen et à oublier les graves exactions dont se rend coupable l’opposition ». Le ministre aurait voulu que l’article cite également les actes violents de l’opposition, notamment l’UFDG. Par exemple, les quatre militaires et gendarmes « massacrés, » le policier lynché à mort qui veillait au maintien de l’ordre sans arme, les innocents citoyens abattus au fusil de chasse ; les habitations privées incendiées, les infrastructures publiques saccagées, les personnes interpellées avec des armes de guerre, des grenades, des uniformes militaires et des armes blanches, « ni la rédaction du journal ni son consultant n’en ont jamais entendu parler. Même par média interposé. Ces actes ont pourtant été largement rapportés et commentés dans la presse nationale et internationale ».
De même, selon la réaction du ministre, l’article induit l’idée qu’aucune justice ne serait envisagée contre les violences post-électorales. Cette affirmation « omet volontairement que le Président de la république a publiquement déclaré que : il est important qu’il n’y ait plus d’impunité, que ce soit du côté des partis politiques ou des forces de l’ordre ». S’agissant d’arrestations prétendument ciblées, Amnesty International méconnaît royalement le fait que tous les actes actuellement posés par les services judiciaires le sont sous le couvert d’une commission rogatoire, peste Albert Damantang Camara.
Qui se dit prêt à accueillir tout journaliste désireux de véritablement faire la lumière sur la violence politique en République de Guinée, au-delà de la vision figée et biaisée de certains prétendus défenseurs des droits de l’homme.
Oumar Tély