A la veille de la présidentielle du 18 octobre dernier, plusieurs partis politiques de l’opposition ont critiqué la participation de l’Union des forces démocratiques de Guinée au scrutin. Depuis lors, leurs relations sont froides et chacun prêche pour sa chapelle. Le 30 novembre sur Lynx FM, Fodé Bocar Maréga, cadre de l’UFDG, a invité toutes les branches de l’opposition politique à parler d’une seule voie. Histoire d’apporter une réponse «commune à la dictature» du Président Alpha Condé, réélu pour un sexennat. «Nous nous retrouvons dans une situation où nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n’était. On ne peut pas rester figé. Je pense que l’opposition toute entière devrait se rencontrer, gérer cette position ensemble, car nous sommes en face d’un régime dictatorial qui veut s’imposer par la force», explique-t-il.

La participation de Cellou Dalein Diallo au scrutin du 18 octobre dernier passe toujours mal chez ses paires de l’opposition. Plusieurs leaders politiques de l’opposition dite plurielle se sont montrés peu ou prou solidaires à l’UFDG, principal parti de l’opposition. Fodé Bocar Maréga soutient que personne n’intervient dans le débat politique. C’est «comme s’il y a une résignation totale ou comme si on voulait faire payer à quelqu’un des positions ou des prises de position. Alpha Condé fait son troisième mandat, alors que  tout le monde était opposé à cela. Donc aujourd’hui, nous ne pouvons pas dire que la situation a changé.» Pour lui, la lutte doit continuer, chacun doit se remettre en quête d’une voix commune. «De toute façon, l’UFDG a droit à la parole, a droit au chapitre. Dans ces conditions, on doit se retrouver pour discuter ensemble. On n’a pas le choix. Il faut qu’il y ait le dialogue, il faut que l’on cherche à ouvrir les voies.»

«C’est du cinéma»

Depuis plus de deux semaines, de nombreux leaders et des centaines de militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée croupissent en prison. Pour Fodé Bocar Maréga, le Président Alpha donne l’impression d’être dans une position forte, après avoir triché à l’élection présidentielle. Tendre la main d’une part et d’autre part, arrêter des responsables de l’UFDG, arrêter plus de 300 personnes, chercher à brimer, extorquer des biens aux commerçants. C’est du cinéma. Il faut que cela cesse et que  l’on fasse de la politique.»

Selon Fodé Bocar Maréga, le Président Alpha Condé aurait essayé depuis dix ans d’intimider l’UFDG, mais «il ne pourra pas, car il est dans l’incapacité de le faire et il faut qu’il le comprenne. Qu’il mette la balle à terre, puisque l’on est en train de pousser la Guinée vers des extrêmes.» Et d’enfoncer le clou : «On veut casser le parti, on veut  intimider. On pense qu’en arrêtant des responsables de l’UFDG, l’on va mettre en déroute le parti. Tout ce qui est advenu, toutes ces accusations, c’est la volonté d’Alpha Condé. Ce qu’il veut, c’est ce qui se fera. Nous lui disons simplement d’arrêter, de faire preuve d’esprit, de calme et de sérénité pour pouvoir faire avancer ce pays.»

Ce responsable politique a invité le Président Alpha Condé à libérer les détenus politiques, car, poursuit-il, cela permettra d’ouvrir la voie du dialogue. Pour cela, il faut «aller vers des actes concrets et c’est Alpha Condé qui peut le faire.»

Yaya Doumbouya