L’ancien président français, Valéry Giscard d’Estaing, est décédé à l’âge de 94 ans, des suites de COVID-19, le  mercredi 2 décembre au soir dans sa propriété d’Authon, dans le Loir-et-Cher, « entouré de sa famille ». VGE, comme on l’appelait souvent, a dirigé la France de 1974 à 1981. Il a été considéré comme le président des reformes et de la modernité. Dans un communiqué, le Président Emmanuel Macron a salué le progressiste qui, pendant sept ans, « transforma la France » … « Son mandat fut un intense moment de réformes. Giscard a su moderniser la fonction de chef de l’État et « regarder la France au fond des yeux ». Son septennat transforma la France. Il permit aux jeunes de voter dès leurs 18 ans, aux femmes d’interrompre une grossesse non désirée en toute légalité, aux couples de divorcer par consentement mutuel, aux personnes en situation de handicap d’obtenir de nouveaux droits. Il œuvra pour une Europe plus forte, un couple franco-allemand plus uni, et contribua à stabiliser la vie politique et économique internationale en fondant le G7. » « Les orientations qu’il avait données à la France guident encore nos pas. » Macron de conclure : « Serviteur de l’État, homme politique de progrès et de liberté, sa mort est un deuil pour la Nation française. »

« Giscard l’africain »

La politique africaine de  Valery Giscard d’Estaing  a été empoisonnée par l’affaire de la plaquette de diamants valant un million de francs français de l’époque (entre  650 000 et 700 000 euros) qu’il avait reçue en cadeau de la part du chef de l’État centrafricain, Jean-Bédel Bokassa. D’ailleurs, il avait perdu les élections en 1981 un peu à cause de ce scandale qui avait été publié par le Canard-Enchaîné. Dès son arrivée au pouvoir, VGE a supprimé  le secrétariat général aux Affaires africaines et malgaches, écartant par là-même son chef historique, Jacques Foccart. Conseiller du Général de Gaulle et de Georges Pompidou sur les relations politiques et diplomatiques avec les anciennes colonies africaines, Foccart incarnait la vision gaullienne des rapports franco-africains. Avant de faire une ouverture de la politique française vers de nouveaux partenaires, qui ne font pas traditionnellement partie du « pré carré » francophone. La réconciliation avec la Guinée de Sékou Touré et le Nigeria en Afrique de l’Ouest ou, au Maghreb, avec l’Algérie où Giscard  est le premier chef d’État français à se rendre et avec le Maroc, boudé par la France depuis l’affaire Ben Barka, s’inscrit dans l’ambition de Paris de sortir désormais de la matrice politico-stratégique gaullienne et lever « les ambiguïtés de la période postcoloniale ». La visite d’État qu’effectue le locataire de l’Élysée à Conakry en décembre 1978 arborant autour de son cou le foulard rouge des pionniers de la révolution anti-coloniale guinéenne, tout comme le discours (« La France historique salue l’Algérie indépendante ») que Giscard prononce à son arrivée à Alger, en avril 1975, s’inspirent de cette démarche que certains qualifièrent déjà de «postcoloniale ». Valéry Giscard d’Estaing avait été hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois pour des problèmes cardiaques. « Conformément à sa volonté, ses obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité familiale », a précisé sa famille dans un communiqué.