Le meurtre présumé d’un flic à Wanindara le 1er décembre à la suite d’une « attaque armée » a provoqué le courroux des autorités sécuritaires contre le populo qui subit depuis lors des abus. C’est un « ratissage d’envergure» à la hauteur de l’engagement du dirlo de la police nationale, Ansoumane Camara Bafoué. «Je vois ces événements avec beaucoup de tristesse, de préoccupations, parce que le pays est en train de s’embourber progressivement», alerte, le 3 décembre sur Lynx FM, Mamady Kaba, le prési de la LIDDA, Ligue pour les droits et la démocratie en Afrique : «Nous avons condamné ces attaques et nous avons aussi déploré le fait que les rapports entre les services de sécurité et les populations ne sont pas bons. Une partie des citoyens voit les services de sécurité comme des ennemis au lieu de voir en eux des protecteurs. Ce qui est très compliqué, parce que les populations constatent que ces forces commettent des crimes contre elles et que l’Etat ne fait rien pour leur rendre justice. Elles estiment que lorsque les forces de sécurité subissent des violences, l’Etat est très prompt à utiliser la force tous azimuts. Un tel esprit dégrade d’abord la confiance entre les forces de sécurité et les populations et fragilise ensuite le tissu social», analyse le défenseur des droits humains.
« Agir avec la tête, non avec le cœur ! »
Selon Mamady Kaba, il est grand temps que l’Etat guinéen prenne en compte la «haute sensibilité» de la situation et œuvre de sorte que les forces de sécu-raté agissent de manière professionnelle. «Il faut qu’elles agissent avec la tête et non avec le cœur. Sinon, beaucoup d’innocents vont payer pour ce qu’ils n’ont jamais fait. C’est vraiment regrettable ! Donc, il est important que l’Etat prenne l’ensemble des mesures nécessaires pour que les fauteurs soient interpellés et mis à la disposition de la justice. Or, quand on évolue dans une situation de colère où les responsables de la police sont très en colère et promettent des actions d’envergure, ça laisse craindre des bavures, des souffrances infligées à des innocents. Cela me préoccupe à plus d’un titre», s’inquiète-t-il. Et de préciser que l’usage de la force ne permettra pas de régler la situation, mais il faudra créer des conditions en vue d’un dialogue national. «Réconcilier les forces de sécurité et les populations, réconcilier le pays en général avec lui-même et permettre que des réformes axées sur le développement de la Guinée soient engagées.»
Dialoguez !
Outre la ville morte appelée ce 3 décembre par l’ANAD et l’UFDG, le FNDC a aussi appelé à une manif le 15 décembre dans le Grand-Conakry, le jour de l’investiture du Prési Alpha Grimpeur. Selon le prési de la Ligue des droits et de la démocratie en Afrique, c’est le bras de fer entre le gouvernement et les opposants qui est en train de perdurer. «Les solutions durables se trouvent autour de la table. Il est important que les conditions se créent pour que les acteurs majeurs de la vie nationale se retrouvent et discutent de ce qu’il y aura à faire pour inscrire le pays dans la stabilité et dans la paix durables», a-t-il déclaré. Et de recommander au Prési Alpha Grimpeur de créer les conditions en vue d’un dialogue afin de dissiper les tensions politiques dans le bled. «Le bras de fer doit maintenant s’arrêter. A sa place, un dialogue qui doit éviter les erreurs du passé. Un dialogue qui prend en compte les préoccupations qui nous ont échappé jusque-là. A cet effet, il faut que le cadre et le contenu du dialogue soient mûrement réfléchis pour ne pas engager un dialogue pour le simple plaisir d’aller au dialogue», préconise l’activiste.
Yaya Doumbouya