Les conditions de détention dans les prisons guinéennes laissent à désirer. De l’hygiène à l’alimentation, en passant par la pléthore des cellules, peu de choses cadrent avec le respect des droits humains. Le 9 décembre sur Espace Fm, Mamadou Aliou Barry, le président de l’ONDH (Observatoire national de la démocratie et des droits humains) est revenu à la charge. «La situation carcérale est délicate en Guinée. S’il y a un parent pauvre du ministère de la Justice, c’est bien l’administration pénitentiaire. Le système remonte à l’époque du premier régime jusqu’à nos jours. Donc, ce n’est pas étonnant que des détenus sortent dans des conditions vraiment pénibles, qui sont extrêmement difficiles à vivre dans les prisons guinéennes», explique-t-il. La Guinée, estime-t-il, devrait changer la notion de prison, car «une prison n’est pas faite pour détruire quelqu’un. On va en prison pour sortir reconstruit. On n’a pas besoin de construire des prisons en Guinée. Dans ce pays, c’est la chaîne pénale qui ne fonctionne pas. De nombreux prévenus sont en détention préventive sans jugement.» La population carcérale guinéenne est estimée à près de trois mille détenus. Mais, cet activiste des droits humains précise que « plus ou au moins la moitié » de cet effectif n’a jamais été présentée à un juge.  

Le procureur, qu’il change de logiciel !

Pour Mamadou Aliou Barry, les magistrats guinéens, le procureur de Dixinn en l’occurrence, Sidy Souleymane Ndiaye, devrait changer de logiciel. Il n’a aucune notion d’alternative à la prison. Par exemple, Ousmane Gaoual et Cie sont des hommes politiques. Ce sont des gens qui n’ont rien à avoir en prison, parce qu’ils peuvent être en résidence surveillée pour les besoins de l’enquête. On n’a pas besoin de mettre certaines personnes en prison. L’alternative à la prison, c’est quelque chose de possible en Guinée. Les mineurs n’ont rien à faire en prison. Je pense qu’il faut repenser le rôle de la prison dans notre pays, » ajoute-t-il. 

En outre, le responsable de l’ONDH a indiqué que le problème des gnoufs guinéens, ce sont les conditions carcérales qu’il faut changer. Il affirme que la Guinée n’a pas besoin de construire de prisons, mais elle a besoin de réaménager celles qui existent, de faire des alternatives à l’incarcération. «Le plus grave est que les pénitentiaires ne sont même pas formés aux conditions carcérales. Il y a lieu donc de les former, de changer l’administration pénitentiaire afin d’améliorer les conditions de détention des gens. Par exemple, à la Maison centrale de Coronthie, vous n’avez qu’un seul médecin qui fait tous les efforts. Une maison centrale construite dans les années 30 pour une capacité carcérale de 300 détenus, engouffre aujourd’hui près de 1 600 détenus », regrette-t-il.

Yaya Doumbouya