Alpha a grimpé officiellement sur le fauteuil du 3è mandat le 15 décembre. Les couacs n’ont pas manqué lors de la cérémonie d’investiture qui a eu pour cadre le Palais Mohamed V, à Kaloum.

Si les invités d’horreur ont été logés dans l’enceinte du somptueux palais, les journaleux, eux, ont été confinés dans l’allée du premier étage de l’immeuble. Normal, s’ils n’étaient pas souvent «dérangés» par les va-et-vient de ceux qui devaient monter au dernier étage. De là, ils ont dû suivre via un écran géant, la cérémonie, non sans zyeuter en permanence la salle qui accueillait son beau monde. Les con(.)frères de la Ertégé (radio-mère), eux, ont été installés dans la salle. Au lieu de ne décrire que ce qui s’y passait, ils s’égosillaient plutôt sur le look de la Première Dame de la République, qui n’a pourtant pas de rang prototo-colère. Leurs con(.)frères dans l’allée, eux, avaient du mal à identifier les hôtes (de marque déposée) venus d’Afrique, d’Europe, d’Asie, pour valider le 3è mandat d’Alpha Condé. Heureusement que le maître de cérémonie, Facély II Mara, avait présenté les 11 chefs d’Etat africains : Bah N’Daw du Mali, Julius Mada Bio-carburant de la Sierra Leone, Azali Assoumani-ni des Comores, Mister George Weah du Libéria, Dame Sahle-Work Zewde d’Ethiopie, Rauque Mark Christian Kaboré du Burkina Façon, Nana Akufo-Addo du Ghana, Fort Gnassingbé du Togo, Mohamed Ould El-Ghazaouani de la Mauritanie, le Maréchal Débri Itno du Tchad et Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville.

Les « gaffes » se sont multipliées

Alpha a ignoré Rauque, son « compatriote » du Burkina Façon, dans ses maux de remerciements et de reconnaissance à ses «frères» chefs des Tas. Il a particulièrement su gré les «délégations venues d’Europe» que sont, selon son ordre, le ministre des Affaires étranges de la Turquie, le Secrétaire d’Etat de la France, Jean-Baptiste Le-Moine euh…Lemoyne. Malgré Covid-19 qui est « en train de fatiguer nos économies et nous oblige à garder certaines distances, je vous remercie tous», leur a-t-il lancé.

Il a salué un « empereur.» Qui ? Il marque une pause, les yeux s’écarquillent dans la salle, et le Grimpeur se presse d’affirmer : « On sait qui est l’empereur… Denis Sassou Nguesso », avec qui, selon lui, «il a un passé de 40 ans, parfois tumultueux.» Mais les gaffes, Alpha les a multipliées. Après avoir vanté celui qu’il a appelé « commandant en chef des troupes africaines, le Maréchal Idriss Déby Itno », il a salué celui qui dirige le Togo depuis février 2005, Faure Gnassingbé qu’il a appelé « le jeune doyen des chefs d’Etat », car s’il est moyen âgé qu’eux, « il est plus ancien que nous dans les fonctions de Président ; donc, cher doyen, le président Faure » a affirmé Alpha Grimpeur, tout sourire. Des aigris ont murmuré. En tout cas, Teodoro Obian Nguema Mbasogo, prési de la Guinée-Equatoriale depuis 1979, Paul-Paul du Cameroun qu’il pilote depuis 1982, Yoweri Museveni, prési de l’Ouganda depuis 1986, Idriss Débris Itno, président du Tchad depuis le 4 décembre 1990, Denis Sassou-Nguesso, prési du Congo de 1979 à 1992 et depuis 1997, pourraient pâlir de jalousie.

Sauf que, le Grimpeur a oublié le prési du Burkina Faso, Roch Marck Christian Kaboré. C’est à la fin de son laïus, en les saluant, sans leur serrer la main (Covid-19 oblige) qu’il a eu « quelques secondes de murmure» avec ce dernier, avant de continuer à faire la ronde. Après, Alpha, Dame Djénè Kaba, sa douce moitié et Sassou ont été vus sans leurs masques, Covid-19 peut se faire voir ailleurs.

Mohamed Lamine Bangoura, le prési de la Cour constitutionnelle, lui, a excellé. Il a malmené la langue de Molière comme c’est pas permis. Pour inviter Alpha Grimpeur à entrer dans la salle, il a dit au vice-président et à la conseillère Mme Fatoumata Morgan d’aller dire au Président «de bien vouloir faire son rentrée dans la salle d’audience». Pour un prési d’une Cour constitutionnelle, c’est honteux de ne pas faire la différence entre entrée et rentrée, dans tous leur sens. Le comble, le Bangoureur a eu toutes les peines du monde à lire le mot «clientélisme», terme utilisé à longueur de journée dans les salles d’audience. En ce « jour inique » selon ses dires, il a plutôt enrichi la langue française avec un néologisme que l’Académie n’hésiterait pas à rejeter : « clientalisme ». Dans le laïus dithyrambique du Bangoureur, l’expression de la bêtise ne manquait pas. Kéléfa Sall, l’ancien prési de la Cour constitutionnelle, pourrait se retourner dans sa tombe. Pauvre Guinée !

Mamadou Siré Diallo