Le 18 décembre sur Lynx FM, Mamadou Baadiko Bah, dépité et prési de l’Union des forces démocratiques, UFD, a fait grise mine sur les antennes de Lynx Fm. Il a vertement dénoncé des couacs liés à la politique minière du Président-Grimpeur, égratigné bon nombre d’anomalies qui assaillent l’éducation guinée-haine, et passé en revue la corruption endémique qui gangrène le pays. Il existe, dit-il, des sociétés minières qui bénéficient de passe-droit et qui ne payent donc rien à l’Etat. «Le ministre du Budget a dit qu’heureusement les mines ont bien fonctionné, et ont beaucoup aidé. Mais on n’a pas vu cela dans les recettes, donc il y a un paradoxe. C’est l’exploitation à outrance de nos richesses naturelles non renouvelables, en laissant l’environnement détruit. Les gens travaillent 24h sur 24, donc le pillage c’est 24 h sur 24», fustige-t-il. A en croire ce dépité, c’est «apparemment» tous les ports minéraliers, les barges des sociétés minières qui «débarquent en toute illégalité des tonnes des marchandises que la Douane ne connaît pas. Voilà un scandale qui doit s’arrêter.»
Mamadou Baadiko Bah a noté un point positif relatif à la numérisation de la chaîne fiscale. «Quand vous faites des déclarations sur informatique, vous payez directement par virement dans des comptes ouverts à la Banque centrale. Il y a des efforts réels qui sont faits et puis les impôts et autres recettes fiscales ont augmenté ces dernières années, nous a-t-on dit», rapporte le prési de l’UFD.
«Il faut sortir le Parti-État du système éducatif»
En ce qui concerne notre système éducatif malade, M. Bah a laissé entendre qu’ils ont appris énormément des choses sur la procédure budgétaire où «on a des soupçons que des gens (ministres, universités, administrations) négocient leur budget au ministère de tutelle. Les ministres ont avoué que la Guinée est remplie d’écoles de santé que j’appelle des écoles des bouchers-charcutiers puisque ce sont des gens qui n’ont aucun niveau. Ils en sortent avec un BTS (Brevet technicien supérieur). Mais ce sont les autorités qui délivrent ces BTS, donc elles sont complices de la scène qui gangrène en interne.»
La solution ? «Il faut sortir le Parti-État du système éducatif : il faut faire un système sérieux, objectif où l’éducation ne va pas être réservée à ceux qui ont les moyens. L’Unicef dit que 40% des enfants guinéens de 5 à 16 ans ne vont pas à l’école. Le ministère de l’Éducation nous dit qu’il lui manque 14 000 enseignants qualifiés dans les écoles primaires et de 5 000 à 6000 dans les collèges. Et ensuite, il y a des milliers d’écoles hangars dans le pays. L’éducation est complètement à la dérive. Malgré tout l’argent que l’on y injecte, on ne s’en sort pas. Le problème reste entier.»
La gouvernance du Prési Alpha Grimpeur a été marquée par la corruption et de nombreux scandales de détournement des deniers publics. Le tout dernier, le Nabayagate. «Le détournement c’est une culture nationale. On est installé là-dedans depuis presque tout le temps, mais la tendance est à l’aggravation. Le problème, c’est qu’il aura un grand écran de fumée derrière lequel tout cela va se noyer. On ne connaîtra jamais la vérité. C’est un système de parti-Etat où on est là en copain, en complicité. Et cela ne fait qu’aggraver la misère de la population. Quand vous dites au système de s’autoréguler, de s’auto-enquêter, l’impunité est garantie. C’est un système de corruption et de partage de gâteaux des élites», a dénoncé Mamadou Baadiko Bah.
Yaya Doumbouya