La mort de Roger Bamba a ému et indigné plus d’un guinéen. Beaucoup ont pointé un doigt accusateur sur un certain communicant du parti au pouvoir et dénoncé les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires, notamment la Maison Centrale de Conakry. Mais il faut dire que cet établissement est comme tous les établissements du genre en Afrique. Les conditions de vie des détenus n’y sont pas celles que les partisans des droits de l’homme comme les avocats pénalistes auraient souhaitées. Mais il faut aller au-delà de la dénonciation de la surpopulation carcérale et des conditions exécrables de détention. Il faut s’interroger aussi sur la tendance de certains juges d’instruction à recourir systématiquement à la détention provisoire. Beaucoup de juges d’instruction oublient très souvent que le principe, c’est la liberté, la règle ; et la détention, l’exception. Ils placent sous mandat de dépôt des citoyens même lorsque cette mesure n’est pas nécessaire. Cela se constate très souvent dans les dossiers à connotation politique. Certains juges sont prêts à renier leur serment dès lors qu’ils ont en charge des dossiers qui intéressent l’Exécutif. Ils se soumettent à toutes sortes d’injonctions mêmes les plus contraires à la loi pour ne pas perdre leur fonction et les avantages y afférents.
Dans le dossier Roger Bamba, il aurait été possible, à défaut d’un classement sans suite, d’obtenir qu’il reste en liberté jusqu’au terme de la procédure ouverte contre lui. Mais un juge d’instruction en a décidé autrement comme c’est le cas très souvent. Or, comme l’a soutenu le Président de l’INDH, il n’est pas nécessaire de placer en détention un inculpé (mis en examen) lorsque les conditions de la détention ne sont pas réunies. C’est cela que dénoncent tous les jours les avocats. Il est heureux que ce soit le Président d’une institution constitutionnelle qui dénonce cette fois-ci le recours abusif à la détention provisoire.
Me Mohamed Traoré,
Ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats