Pour améliorer la culture pastorale, les productions Soudou Dardja production et Binta Canada production organisent la première édition du réveillon pastoral le 31 décembre prochain à Cona-cris. La soirée « 100% hirdè Fouta », compte regrouper des comédiens, humoristes, slameurs, conteurs, poètes et écrivains. L’évènement vise à célébrer les personnes qui ont porté haut la culture pastorale, qui se sont illustrées dans la promotion de la culture du Fouta-Djalon. Binta Laly Sow, chanteuse légendaire, va représenter la musique. Côté musique pastorale, il y aura le plus grand groupe Djèrè Fouta, Pathé Moloko, Mariama Kesso, Aissatou Koloma et Sonna Seck (auteur du titre Tourou-Tourou) et au compte de l’humour, Mamadou Thug, « ça c’est moi ça ». Un vibrant hommage sera aussi rendu à Thierno Samba Mombeya, un des savants du Fouta et à Djenabou Koumatchio Diallo, pour la poésie. Thierno Diaka Souaré et Aïssatou Bella Diallo, seront honorés, côté journalistes.
D’après le comédien Mamadou Thug, dans les années 90 jusqu’à l’aube des années 2 000, la culture pastorale était au top, parce que, dit-il, par le passé, nos artistes étaient « authentiques ». « Le réveillon pastoral, c’est de montrer à cette nouvelle génération de faire la culture pastorale, car être artiste du Fouta, ce n’est pas être extravagant, ni pervers, c’est être une personne respectueuse à l’image de la culture que tu incarnes. C’est pourquoi, nous allons célébrer Mamoudou Man Diallo, Thierno Sadou Satina Diallo, Karamoko Abdoulaye et Thierno Souleymane Parrain. Ces personnes ont aidé la culture pastorale à se développer depuis le début».
L’abandon des instruments traditionnels qui font la particularité de la musique pastorale, est une préoccupation majeure pour Mamadou Thug : «Le réveillon pastoral, c’est un souci qui est en train de devenir une réalité. Nos artistes du Fouta ne font plus de la musique ni de l’authenticité, ils font plutôt de l’emprunt. Prenez Mory Kanté, il est célébré à l’international même après sa mort. C’est parce qu’il a accepté de rester authentique et guinéen, mais surtout mandingue, parce que dans toutes ses musiques, on entendait la Cora et le balafon. Pour moi, le réveillon pastoral est un réveil de conscience», explique-t-il.
De nos jours, les artistes, précisément ceux du Fouta, ne jouent plus avec des instruments pastoraux. Quant aux humoristes, ils ont l’envie d’avoir un ton ivoirien. Mamadou Thug trouve cela inadmissible : « Il faut avoir un ton naturel, pour parler au public. Connaître les contes comme feu Amadou Sow. Il faut connaître aussi le théâtre, le cinéma, parce que le cinéma, ce n’est pas la langue qui fait les frais, c’est le jeu d’acteur et la qualité d’image qui vendent les choses. Au regard de tout cela qu’on s’est dit qu’il faut réunir les artistes, les ramener sur un même plateau, discuter avec eux, faire un stage et terminer par un spectacle », annonce Mamadou Thug.
Des contes en pular seront rendus par Farba Adama Ly qui racontera aussi l’histoire du Fouta-Djalon. En plus de la prestation musicale et artistique, l’art culinaire du Fouta sera aussi au rendez-vous, notamment la cuisson du fonio avec la sauce gluante, le maïs en pâte ou en couscous, excusez du peu ! Pour boucler la boucle, un plat européen accompagnera ces mets promis succulents.
Kadiatou Diallo