Depuis octobre dernier, à cause du scrutin présidentiel, plusieurs frontières terrestres restent fermées, notamment avec le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Libéria, la Sierra Leone. Un coup dur pour le négoce et les opérateurs économiques. Des camions de marchandises ont été bloqués de part et d’autre des frontières, d’où la rupture « totale » de stock en Guinée. Invité de l’émission Œil de Lynx le 5 janvier 2021 à Conakry, Mamadou Abbas Barry, le président de la commission d’appui de la Chambre de commerce communale de Matam, a regretté le fait que les commerçants n’avaient pas reçu un préavis de fermeture. Ce qui leur aurait permis certainement de se préparer afin de minimiser les pertes de produits, notamment périssables, à importer ou à exporter. «Nous avions des marchandises embarquées dans les pays voisins à destination de la Guinée. Plus de deux mille camions sont bloqués aux frontières avec le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Libéria, la Sierra Leone, entre autres. On pensait que c’était simplement lié à la tenue du scrutin présidentiel, mais cela perdure depuis plus de trois mois. Alors que nous y avons des marchandises périssables : le lait, les boîtes de conserves (sardine), la mayonnaise, la moutarde… D’autres produits ont atteint déjà leur date de péremption ou détruit simplement par l’effet de la chaleur et du soleil», regrette-il.
Selon M. Barry, la chambre de commerce communale de Matam est en train de réunir tous les opérateurs économiques (guinéens, libanais, indiens) afin de rencontrer le ministre du Commerce, si possible le Président Alpha Condé pour faire un plaidoyer. «On ne plaide pas pour l’ouverture des frontières, car nous ne savons pas pourquoi elles sont restées fermées, mais nous allons plaider afin que les marchandises soient débloquées. Il faut que le Président de la République accepte de nous aider à le faire.»
A en croire cet opérateur communal du commerce, à l’issue d’une enquête qu’ils ont menée, plus de trois cents boutiques ont fermé à Madina en raison de la rupture de stock. «Leurs marchandises sont bloquées aux frontières. Et nous sommes en début d’année, il faut payer les magasins, les employés, la scolarité des enfants, les besoins de la famille.» Selon lui, de nombreux commerçants ont 90% de leurs marchandises bloquées, soit aux différentes frontières, soit dans des différents ports des pays voisins. «Ce qui veut dire, qu’ils perdront sûrement plus de 60% de leurs marchandises, dès l’ouverture des frontières», estime-t-il.
Yaya Doumbouya