Les événements qui se déroulent aux États-Unis depuis l’élection présidentielle du 3 novembre dernier et qui ont atteint leur point culminant avec l’envahissement du siège du Congrès par des partisans de Donald Trump le mercredi 6 janvier nous montrent que partout dans le monde, il existe des fous qui peuvent tenter de remettre en cause les acquis démocratiques.
Mais lorsqu’un pays dispose d’institutions solides et compte surtout des acteurs politiques et des citoyens ayant des convictions profondes et surtout un esprit démocratique, il est toujours possible de mettre hors-jeu les aventuriers. Il ne suffit pas en effet d’avoir des institutions. Encore faut-il que celles-ci jouent pleinement le rôle qui leur est dévolu et que les hommes et femmes qui qui les représentent soient conscients de leur mission au-delà de leur appartenance politique. Aux Etats-Unis, la classe politique, toutes tendances confondues, a condamné l’intrusion de partisans de Donald Trump au Capitole, pendant les travaux de certification de l’élection de Joe Biden. Aucun leader politique n’a pris position selon qu’il soit républicain ou démocrate. Chacun a montré que l’intérêt de la nation américaine et des valeurs qu’elle incarne aux yeux du monde sont au-dessus des clivages politiques.
Il a été démontré par les acteurs politiques américains qu’un homme peut-être au pouvoir et être lâché par ses partisans dès lors qu’il entreprend de démolir ce qui est considéré comme le socle sur lequel est bâti le pays. Fasse Dieu que nous ayons des hommes et femmes politiques de cette dimension !
Par ailleurs, l’intrusion de manifestants pro-Trump au sein du Capitole aurait entraîné la mort de cinq personnes: trois hommes dont un policier et deux femmes. Il n’en fallait pas plus pour que certains se mettent à claironner que même aux Etats-Unis, il peut y avoir des morts à l’occasion de manifestations. Sauf que dans l’exemple de l’Amérique que l’on tente de citer, à mauvais escient du reste, il semble qu’une seule personne aurait été tuée par balle. Le policier aurait été frappé à la tête et a succombé à ses blessures. La troisième victime aurait trouvé la mort à la suite d’un mouvement de foule tandis que les deux dernières seraient décédées à la suite d’un arrêt cardiaque et d’un problème cérébral. Ce ne sont donc pas des personnes tuées de « façon délibérée » par des éléments des forces l’ordre.
Ce qui est surtout important et remarquable, c’est la décision prise par les autorités d’ouvrir une enquête afin de savoir ce qui s’est réellement passé. Voilà ce qui est attendu d’un État dans de telles situations. Il ne sert à rien de se mettre dans une posture d’autodéfense en niant même les évidences ou en faisant des affirmations qui ne sont basées sur aucune enquête. Quand l’Etat se comporte et parle comme si ce n’est pas lui qui était chargé de la sécurité des citoyens, quel que soit le bord politique auquel ils appartiennent, il y a un sérieux problème. Et c’est de là que partent toutes les critiques contre l’État.
Me Mohamed Traoré