Le procès de Mamadi Condé alias Madic 100frontières s’est ouvert ce lundi 18 janvier au tribunal de première instance de Dixinn. L’ancien opposant au 3è mandat, comme il le dit lui-même, est inculpé pour téléchargement, diffusion de messages, photos, dessins de nature raciste ou xénophobe et injures par le biais d’un système informatique. «Des faits prévus et punis par les articles 26 et 27 de la loi L/2016/037, relative à la Cyber-sécurité et à la Protection des données à caractère personnel.» L’accusé a, d’entrée, plaidé coupable : «J’ai fait beaucoup de vidéos dans l’intention de conscientiser le peuple. Je ne suis pas raciste, j’ai mené un combat contre la discrimination».
Connu pour sa virulence sur les réseaux sociaux, pour ses diatribes contre les promoteurs du 3e mandat, le Chef de l’État en tête, Madic 100frontières est apparu aujourd’hui comme sonné, pratiquement au bord des larmes: «Je viens d’une famille Rpgiste, j’ai grandi dans l’oppression. A un moment donné j’ai quitté la Guinée parce que j’étais visé par l’ancien régime… J’ai eu la chance d’aller au Canada. Quand Alpha Condé est arrivé au pouvoir, mon père m’a dit de venir investir en Guinée, je l’ai fait. En 2013, mon jeune frère m’a demandé de l’aider à mettre en place un projet. J’ai voulu investir dans le cinéma, je voulais envoyer au moins 25 jeunes au Canada… Je suis rentré en Guinée, toutes les démarches que nous avons menées ont été vaines. Cela m’a révolté».
L’accusé a fait un revirement de 180°, en demandant pardon à Alpha Condé qu’il traitait de tous les noms d’oiseaux pendant la campagne électorale : «Bafoé est venu me voir à la DPJ le 3è jour de mon arrestation. Il m’a dit qu’il n’a pas aimé les injures que j’ai faites dans mes vidéos. Le procureur Sidy Souleymane l’a également fait, j’ai demandé pardon. Je demande pardon au Président de la République. J’envisage même de lui écrire une lettre pour demander pardon. Je vais lui dire que son fils a fait des erreurs parce que j’étais en colère. Je demande pardon à tous ceux qui se sont sentis offensés par mes propos. Si je devais reprendre le même combat, je l’aurais fait différemment».
Un mea culpa qui n’a apparemment pas fait sourciller le procureur, Sidy Souleymane N’Diaye. «Nous, nous sommes ministère public, votre remord ne nous intéresse point. Nous n’en avons rien à foutre. Pourquoi avez-vous dit que la communauté peule est opprimée ? Quand on aime son pays, on ne dit pas que les peuls sont opprimés».
« – C’est la perception que j’avais», répond Madic 100frontière.
– Est-ce que vous avez toujours cette perception ?
– Non.
-Dites-moi pourquoi cette perception a changé ?
-Nous, nous combattons un système, mais ce système est partout. Dans le pouvoir comme dans l’opposition. En prison, j’ai beaucoup appris, j’ai compris beaucoup de choses, j’ai pris du recul. J’ai été arrêté parce que quelqu’un de mon équipe m’a livrée.»
La juge a renvoyé l’affaire au 25 janvier prochain pour plaidoiries et réquisitions.
Yacine Diallo