Le 14 janvier 2021, Aboubacar Soumah, le secrétaire général du Slecg, Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, a accusé Oumar Tounkara, son «ex» secrétaire général d’avoir été corrompu. Le 19 janvier sur les ‘’GG’’, le concerné a rejeté en bloc ces accusations.

«Je dis haut et fort, devant tous les Guinéens que je n’ai jamais rien reçu de qui que ce soit. Je n’ai jamais reçu d’argent, je ne vais pas monnayer mon honneur, ma dignité. Aboubacar Soumah en a reçu et ce qu’il a reçu est tangible et visible. Il a une Rav 4 et deux villas et des forages. Comment voulez-vous qu’un instituteur, qui n’a pas un salaire égal ou supérieur à trois millions de francs guinéens, fasse tant de réalisations ? »

Oumar Tounkara a dénoncé un acharnement contre sa personne et accuse à son tour Aboubacar Soumah d’une gestion opaque du Slecg. « Il n’écoute pas les conseils. Je lui ai toujours dit : faisons un syndicalisme intelligent. Le bon syndicaliste doit tenir compte du contexte, du rapport de force et de l’intérêt des mandants. Mais lui, ses problèmes c’est le radicalisme, l’autoritarisme, l’arrogance et se nourrir des préjugés, des suspicions… Il a failli à sa mission parce qu’il a voulu gérer le Slecg en monarque de droit absolu. Il a fait du Slecg un capital, la grève un fonds de commerce. Il utilise la grève pour avoir de l’argent. Je regrette amèrement d’avoir travaillé avec Aboubacar Soumah », avoue M. Tounkara. 

« Grèves stériles »

C’est au cours des négociations sur les huit millions de francs guinéens comme salaire de base qu’est née la divergence entre les camarades Aboubacar Soumah et Oumar Tounkara. L’un prônait une augmentation immédiate du salaire, le second était favorable à un augmentation progressive. «En janvier 2019, le gouvernement nous a promis une augmentation de quatre millions de primes par enseignant, [Aboubacar Soumah] a dit niet. Affirmant que tant que ce sont des primes, il n’acceptera pas. Je lui ai dit : nous avons demandé huit millions, que l’on appelle cela prime, motivation ou autre, la logique syndicale voudrait que l’on prenne les quatre millions. Mais j’avoue, un syndicaliste n’est pas un homme qui foule les intérêts des travailleurs, mais cherche à gagner ».

« De 2017 à 2020, c’est des grèves, chaque année. Des grèves stériles, improductives qui n’ont fait que des victimes », regrette Oumar Tounkara. Pour finir, il a indiqué que le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée n’a obtenu que deux résultats positifs depuis qu’il a enclenché sa série de grèves en 2018. Ce sont les 40 % d’augmentation de salaire accordés par le gouvernement à tous les fonctionnaires et les primes d’incitations négociées par l’intersyndicale.  

Yaya Doumbouya