Le moins que l’on puisse dire est que Alpha Condé coupe l’herbe sous les pieds de la justice, en confirmant Zenab Nabaya Dramé à son poste. La ministre de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi fait l’objet d’enquête pour détournement présumé de 200 milliards de francs guinéens. Il faudra beaucoup de courage au parquet du Tribunal de Kaloum pour poursuivre un dossier qui met en cause une personne en qui le « premier magistrat du pays » continue de placer sa confiance.  

Le courage ne sera pas suffisant d’ailleurs, faudrait-il le rappeler. Le décret du mardi 19 janvier rend de facto la juridiction incompétente pour juger une ministre en fonctions. Zenab Nabaya Dramé n’est désormais justiciable que devant la Haute Cour de justice qui, depuis 2010, n’existe que dans la Constitution. Le décret présidentiel devient une sorte de bouclier qui garantit l’impunité à la mise en cause.

« Prenez mon poste et laissez-moi mon honneur », avait pourtant supplié la ministre de l’Enseignement technique, dans une déclaration à ses détracteurs. Elle n’a pas l’air d’être, toutefois, si désintéressée, car sous d’autres cieux, ceux qui sont en conflit avec la justice rendent volontiers le tablier pour aller rendre compte. En Guinée, pour garder son poste, on est prêt à tout donner. Y compris son honneur.  

DL