Le Général Lansana Conté était un président puissant. Sous ses mandats, il avait géré les fonctions présidentielles avec respect, sans peur et avec efficacité par plusieurs endroits. Avec lui, des tonneaux vides ne pouvaient pas faire du bruit et espérer être ministres. Kiridi Bangoura qui l’embêtait un peu à travers ses critiques avait commencé comme simple fonctionnaire au ministère de la Décentralisation avant d’évoluer en grades; feu Eugène Camara était allé de Préfet à Gouverneur, avant d’être Ministre du Plan et puis Premier Ministre ;
Cellou Dalein était fonctionnaire à la Banque Centrale, puis aux Grands Projets avant de rejoindre le gouvernement jusqu’à devenir son Chef; Lansana Kouyaté est allé de fonctionnaire aux Affaires Étrangères à Ambassadeur, puis fonctionnaire international avant de revenir au gouvernement en tant que PM; François Lonscény Fall est allé de fonctionnaire aux affaires étrangères, puis Ambassadeur, puis représentant permanent aux Nations Unis avant d’être ministre des Affaires Étrangères et par après, Chef de Gouvernement ;
Alpha Condé, lui, enlève les gens de l’Université Sonfonia et les nomme ministres dès la première année de sortie; il prend des BTS et fait d’eux de supers ministres. Il ôte toute la valeur et toute la compétence que requiert la fonction ministérielle; il nomme désormais les gens par pitié ! Vous vous imaginez ! C’est-à-dire « … je vais le garder Mministre pour ne pas que des gens se moquent de lui… ! » Vous vous imaginez un peu! On parle là de la nomination d’un chef ou d’une cheffe de département gouvernemental et c’est par pitié qu’on les maintient ! C’est sous Alpha Condé que l’on nous dit qu’ « il a mouillé le maillot… », c’est-à-dire que les plus zélés sur le champ politique doivent être reconduits.
Pour comprendre que l’administration publique guinéenne est foutue, pouvez-vous comprendre que quelqu’un quitte la position de cheffe de cabinet d’un grand ministère comme celui de l’Enseignement supérieur pour se battre à devenir simple députée ? C’est dire qu’il n’y a pas de travail dans l’administration publique ! Les gens y vont, passent la journée à raconter des charades et devinettes, sans avoir à faire suivre un seul projet, un seul programme. Il n’y a absolument rien comme boulot.
Au temps de Conté, l’administration n’était pas aussi bousillée ; disons de 1996 jusqu’à l’organisation des élections de décembre 2003, les ministères, les directions nationales et générales, les sections et carrés étaient occupés par des gens, s’ils n’étaient pas compétents, ils avaient au moins l’expérience de faire la même chose longtemps. Les Préfets n’étaient pas que des militants ; c’étaient des intellectuels affranchis. Ce qui faisait que l’administration avait du boulot à faire parce qu’il y avait des dossiers à faire suivre.
Actuellement, tout ce qui compte chez Alpha Condé, c’est l’animation politique. Il a transformé les jeunes cadres qui sont rentrés pour contribuer au travail, en de grands animateurs politiques. Il n’a pu donner du boulot et il ne laisse le champ à personne pour initier ! Il concentre tout à la Présidence. Même donner un agrément à une association, il faut que la Présidence valide; les licences de société de pêche, il faut l’accord de la Présidence ; la création de partis politiques, il faut la Présidence. Même les réunions de famille enfin!
Au finish, c’est ce qu’on devient lorsqu’on n’a jamais travaillé dans sa vie et que Dieu nous fait le don de devenir président de la république. C’est juste incroyable.
MBT