Le Président Alpha Condé a obtenu son 3e mandat contre vents et marées. Investi à la tête du pays pour six ans encore, lui et sa justice s’attellent désormais à régler les comptes aux personnes qui se sont farouchement opposées à la nouvelle Constitution. Certains étaient déjà en prison avant même la présidentielle du 18 octobre, d’autres comme Ousmane Gaoual, Cellou Baldé, Etienne Soropogui, Chérif et Abdoulaye Bah ont été écroués à la Maison centrale quelques semaines plus tard. Parmi ces détenus, l’opposant Ismaël Condé, premier maire-adjoint de la commune de Matam et transfuge du RPG arc-en-ciel. Ses ennuis judiciaires ont commencé quand il a décidé de rejoindre l’UFDG, après s’être publiquement opposé au tripatouillage constitutionnel.

 Il croupit en prison depuis début octobre pour des faits qui ne sont officiellement pas liés à la politique, mais il reste à la Maison centrale sans aucune forme de procès. Il est accusé d’entrave à la liberté d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics, les concessions et délégations des services publics et complicité. Pour protester contre sa détention prolongée, Ismaël Condé a décidé d’entamer ce qu’il appelle une grève de refus de soins. Il souffre d’asthme, de sinusite et d’autres pathologies. Il a mis fin, depuis le 25 janvier, à son traitement qui était géré jusque-là par l’infirmerie de la Maison centrale. Il pourrait passer à la vitesse supérieure dans les prochains jours, en commençant une grève de la faim.  Sa famille parle de mains noires qui empêcheraient la tenue de son procès : «Il a fait quatre mois en prison, il ne reçoit pas un traitement adéquat. Chaque fois qu’il se plaint, on lui donne du paracétamol à l’infirmerie. Il s’est rendu compte qu’on refuse de le soigner, il a décidé de ne plus aller à l’infirmerie. Il y a une main noire derrière cette affaire. Le problème d’Ismaël n’est pas judiciaire, il est politique. Depuis qu’il a décidé de s’exprimer sur la situation du pays, il a eu tous les problèmes devant lui», déclare son frère, Aboulaye Condé. Ismaël Condé est renvoyé devant le juge avec le maire de Matam, Lansana Sakho. Mais ce dernier se balade librement dans Conakry. Abdoulaye Condé se pose des questions : «Bizarrement, c’est Ismaël qui est en prison depuis plus de quatre mois, et la justice refuse d’ouvrir son procès. Ses adversaires sont en train de le maintenir en prison. C’est une injustice qu’il est en train de subir. Cela fait mal parce qu’Ismaël est né dans une famille RPGiste. Nous, nous sommes des Rpgistes convaincus. Ce que des Rpgistes de la 25e heure lui font subir de telles choses est un problème. C’est triste pour tous les gens qui se sont battus pour des valeurs au sein de ce parti». Selon l’un de ses avocats, son procès pourrait être programmé dans les prochains jours. En attentant, Ismaël Condé continue sa protestation en prison.

Yacine Diallo