(In Guineematin.com)
Devant le casse-tête auquel il est confronté pour la formation du nouveau gouvernement, le président Alpha Condé procède à la nomination des ministres au compte-gouttes. Ce mercredi encore certains ministres ont été nommés. D’autres remplacés. Parmi les partants, il y a un qui s’était récemment tiré une balle dans le pied. Il s’agit de Boubacar Barry qui, en pleine bataille pour le maintien ou le départ de ministres, avait pris une décision impopulaire : celle relative à l’augmentation du prix du pain.
Pour qui connaît les émeutes relatives à l’augmentation du prix du pain dans le monde, le moment était très mal choisi. Même si le ministre était revenu rapidement sur sa décision, la balle était déjà partie. Pour son patron et son parti, il était difficilement compréhensible encore moins acceptable qu’un ministre mette le pied dans le plat dans un tel contexte. Ce qui fait que le limogeage du ministre Barry n’est pas une surprise.
Mais le cas le plus atypique est celui de Mouctar Diallo. Maintenu à son poste, le désormais ancien ministre voulait un département plus costaud. Estimant avoir rempli sa part de contrat pour le troisième mandat, et dans une zone hostile dont il avait la charge, il souhaitait obtenir un super ministère et devenir un ministre d’État. C’est que Mouctar Diallo a fait est plutôt rare. Même s’il existe un précédent avec le cas de Oyé Guilavogui.
Ce fut une grave erreur stratégique qu’il n’oubliera pas de si tôt. Notamment sur le contexte. Il a confondu les périodes. Celle d’avant la présidentielle et celle d’après. Celle durant laquelle le président de la République était plus enclin à céder sur tout pour obtenir son troisième mandat et celle durant laquelle il a toutes les cartes entre les mains. Si Mouctar Diallo avait exigé n’importe quel ministère avant le changement de la constitution et la présidentielle, en contrepartie pour neutraliser le fameux axe, il aurait eu gain de cause. Ce qui ne pouvait être le cas aujourd’hui. Alpha Condé n’est pas quelqu’un qui fait de l’aumône avec ses départements ministériels.
Désormais, celui qui rêvait être super ministre devient plutôt un simple citoyen. Sans doute qu’il doit avoir des remords. Et ce, pour plusieurs raisons. La première, c’est bien évidemment le rejet d’un département ministériel. Fût-il modeste. Dans tous les pays du monde, il n’est pas donné à tout le monde de devenir ministre. C’est un avantage et un privilège que nombre de Guinéens enviaient à l’ancien ministre.
Le deuxième remord qu’il doit avoir est celui d’avoir renoncé au poste de député à l’Assemblée nationale au profit d’un hypothétique poste ministériel. Mais, le plus grand remord de ce jeune qui incarne désormais une spectaculaire transhumance politique, c’est d’avoir sacrifié quelques-uns des siens. En effet, Mouctar est accusé- à tort ou à raison- d’avoir livré ceux des activistes de l’axe qu’il n’a pas pu convaincre de rejoindre son nouveau camp.
Si demain ce jeune tombait entièrement en disgrâce, il lui sera difficile de trouver un point de chute. L’opposition ne lui fera plus jamais confiance. Or, il est improbable qu’il se retrouve comme conseiller à la présidence de la République. A moins que, après sa réception au palais, son mentor lui ait promis un poste d’ambassadeur ou autre. Les jours qui viennent devraient nous apporter la réponse.
En attendant, les adversaires du président des NFD jubilent. Ils célèbrent ce qui semble être le divorce d’un mariage qui aura été un véritable désastre pour les anciens alliés de l’ancien ministre.