Le samedi 30 janvier, le ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire a lancé une vaste opération de déguerpissement des emprises publiques à Cona-cris. Cette première étape concerne Kaloum, Matam et Dixinn. Suivront, dans une semaine, Ratoma et Matoto. A Camayenne, plusieurs devantures et terrasses de maisons ont été démolies. Le populo, sous le choc, dénonce l’opération et appelle le Prési Alpha Grimpeur à revoir sa copie. Dans cette zone, le déguerpissement élargi des rues qui lient la route de Donka (en construction) et la corniche nord. Gardes communaux, flics et pandores, équipés de gaz lacrymogènes et de matraques ont été déployés pour contenir la colère du populo, surpris par l’opération. «Aucun préavis ne nous a été notifié. Même le chef de quartier n’a pas été informé», dénonce une dame, accusant le goubernement de mauvaise foi. «C’est comme s’ils ont une dent contre nous. Sinon on ne peut pas détruire nos domiciles sans au moins nous prévenir. Le Président Alpha Condé ne pense pas à nous, sérieusement», tempête une autre, sous l’émotion.

«Ils avaient cassé les maisons qui débordaient le caniveau, il y a des semaines. Sans problème. Depuis, les gens ont reconstruit derrière le caniveau. On a respecté donc ce qu’ils nous avaient demandé, mais on ne sait pas pourquoi aujourd’hui ils reviennent casser nos maisons, sans préavis. On nous fait tort. Ils nous avaient dit que l’on pouvait construire au-delà du caniveau, ce que l’on a fait. Mais on ne comprend rien au slogan du Président Alpha Condé «Gouverner autrement». La population est en train de souffrir. Nous souffrons vraiment», explique Mohamed Yattara, dont la devanture de sa maison familiale a été cassée. Pour lui, l’Etat doit évaluer les dégâts afin de dédommager les familles. «Nous demandons à l’Etat de nous venir en aide, puisque l’on ne peut rien faire face à ses décisions», ajoute-il.

Ibrahima Kourouma, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, qui a lancé  l’opération à Kaloum, a indiqué que le déguerpissement vise à améliorer le cadre de vie du populo. «Je tiens à informer que c’est une action d’envergure et je voudrais que chaque Guinéen montre son civisme et son caractère citoyen pour que ce que nous sommes en train de faire se fasse dans les meilleures conditions. Ce qui est d’ailleurs salutaire, c’est avant même que nous arrivions dans un certain endroit, certains ont déjà commencé à enlever leurs kiosques et conteneurs dans des quartiers comme Matoto, Dixinn et Matam,  des citoyens ont déjà dégagé les lieux parce qu’ils savent qu’ils se sont installés de façon illégale.»

Yaya Doumbouya