Le 1er février à la RTG-Koloma, la HAC, Haute autorité de la communication, a lancé «les opérations d’enrôlement des journalistes pour la carte de presse professionnelle ». Présents : membres du gouvernement, patrons et responsables d’associations de presse, journalistes. Selon Boubacar Yacine Diallo, le président de la HAC, la carte de presse est au journaliste professionnel ce que la carte d’identité est au citoyen. Déjà quelque 2 500 postulants se seraient fait enregistrer. «La carte est gratuite, parce que nous avons remarqué qu’il y a des journalistes qui n’ont pas de moyen d’en avoir. L’enrôlement se fera dans les sièges des médias, puisque pour nous, un organe de presse qui n’a pas de siège social, n’en est pas un. » Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Mory Doumbouya, maître de cérémonie, a invité les journalistes à se faire enrôler massivement pour fournir un effectif exact des professionnels de l’information. Cette opération d’enrôlement traduirait la volonté du gouvernement de doter la Guinée d’une presse libre, responsable et indépendante au service du développement. «C’est une fierté de constater aujourd’hui qu’aucun journaliste n’est en détention en Guinée. Cela ne signifie pas qu’il n’y a plus d’efforts à fournir. Les journalistes doivent continuer à se battre comme des lions pour préserver la liberté et les conditions d’exercice de la presse».

Le ministre Conseiller spécial, chargé des relations avec les Institutions constitutionnelles, Mamadou Lamine Fofana, pour qui l’enrôlement des journalistes permettra de savoir qui est journaliste professionnel et qui ne l’est pas : «Je demande à tous ceux qui prétendent exercer la profession du journalisme de se soumettre à cette formalité afin de se doter de cette carte qui vous protège  dans des situations difficiles».  

Au Lynx tout honneur !

La rédaction du Groupe de presse Lynx-Lance a constitué la première étape de la commission de délivrance de la carte professionnelle. Qui s’est pointée à 9 heures. Doyen Souleymane Diallo, l’Administrateur général du Groupe, s’est réjoui : «Le choix sur Le Lynx me va droit au cœur, à plus d’un titre. Droit au cœur, parce que la carte que vous allez remplacer, vous m’en avez donné le No 1. A titre personnel, je suis satisfait, j’associe à ma satisfaction, comme il se doit, tous les collaborateurs qui ont fait Le Lynx. De 1991 à 2021, il y a eu beaucoup de contributions. Le Lynx n’aurait été rien s’il n’y avait pas eu des journalistes, libres, pour faire vivre ce journal. Journaliste libre, monsieur le président, plus que vous, tu meurs ! Je suis heureux de voir la HAC aujourd’hui entre des mains de journalistes libres. On ne peut pas parler de liberté de la presse sans journalistes libres. C’est modeste, Le Lynx, mais le cœur y bat», conclut-il.

«Une profession infiltrée»

Après Le Lynx, la délégation s’est rendue au Groupe de presse Afrique-Vision. Sanou Kerfala Cissé, le PDG : «Je disais que c’est un grand jour, un grand pas que la presse dans son ensemble va franchir, car il s’agit de valoriser cette carte professionnelle de journaliste. Il est clairement indiqué sur la carte que le titulaire est autorisé à franchir les barrages privés et officiels dans l’exercice de son travail. Cela étant, nous devons, nous journalistes, user de tous les moyens possibles pour faire de notre profession respectable et faire de nos journalistes compétitifs.» Boubacar Yacine Diallo a précisé que ceux qui n’auront pas la carte de presse  professionnelle ne seront pas considérés comme journalistes. Selon lui, s’ils s’aventurent à exercer la profession, ils seront identifiés, appréhendés et traités comme des malfaiteurs. «Nous nous sommes tous plaints que notre profession est bien infiltrée. Le président de l’AGUIPEL disait récemment, il y a des mercenaires dans nos rangs, il faut les en sortir et c’est le travail de chacun de nous. Si dix journalistes ne connaissent pas quelqu’un, c’est qu’il n’est pas journaliste. C’est un peu comme chez les avocats, chez les médecins, chez les pharmaciens ce sont des ordres bien organisés. Tout le monde se connaît, celui qui n’est pas connu c’est qu’il n’est pas de la profession. Alors aidez-nous à sortir de nos rangs ceux qui ne sont pas journalistes et qui ternissent notre image…» renchérit-il.

L’opération d’enrôlement des journalistes devrait s’achever en fin de semaine.

Yaya Doumbouya