Mamadou Oury Barry, c’est le tout dernier militant de l’opposition à être accompagné au carré des martyrs du cimetière de Bambéto, commune de Ratom. M. Barry est décédé en détention le 17 janvier dernier à l’hôpital Ignace Deen. Suite à d’inadmissibles tractations, il n’aura regagné sa dernière demeure que le 5 février, après les dernières prières mortuaires à la mosquée de Bambéto. Bien habituée à ce rituel que la police d’Alpha Condé ponctue de temps en temps par des tirs de gaz lacrymogènes en guise de condoléances. Pour paraphraser Antoine de Saint-Exupéry, l’on se rend compte que la raison fut pour les uns de tuer, pour les autres d’enterrer.

La gorge nouée, Cellou Dalein Diallo, le président de l’UFDG, a égrené les chiffres macabres des victimes tombées sous les balles des FDS destinées à donner main forte au Président Alpha Condé pour asseoir sa dictature :« Je suis là pour compatir avec la famille et pour accompagner à sa dernière demeure ce jeune âgé de 21, arraché à notre affection… Que la terre de Guinée lui soit légère et qu’Allah l’accueille dans son paradis. Je ne suis pas là pour dénoncer la violation de tous nos droits, toutes les violations de la loi… Nous sommes au 260ème mort à la suite de la violence d’Etat exercée sur les pauvres citoyens depuis que monsieur Alpha Condé est au pouvoir. Cela se répète, il n’y a pas de suite. Il n’y a pas de justice ; il n’y a pas de compassion. Et c’est vraiment triste pour notre pays. Ce n’est pas une préoccupation pour Alpha et son Gouvernement. La préoccupation est ailleurs. On ne parle pas de ces morts; 99 pendant la lutte contre le 3ème mandat avec le FNDC, 51 personnes dans le cadre de ce qu’on a appelé les violences électorales. Aucune enquête, aucune justice. C’est triste pour notre pays.’’

A ceux qui parlent de paix et de justice, le Président de l’UFDG rappelle que celle-ci « ne se construit pas par l’exhortation à la paix. Elle ne se construit pas en rappelant ses avantages et ses vertus. La paix se construit par la justice, le respect des droits de l’homme. Le premier droit de l’homme, c’est le droit à la vie. Malheureusement, pour monsieur Alpha Condé et son gouvernement, la vie des opposants, de ceux qui le contestent n’ont aucune valeur. La Guinée a besoin d’avoir un président de tous les Guinéens qui va veiller à la sécurité, la préservation des droits de tous. On a besoin d’un président qui va relever le défi de la réconciliation nationale, de l’insécurité, de l’injustice. » Et Cellou Dalein Diallo de rappeler les circonstances de l’arrestation de Mamadou Oury Barry. « Ce monsieur a été arrêté à l’occasion d’une manifestation du FNDC au mois d’août 2020. Il a perdu la vie en prison. Il ne devait pas être en prison. Parce qu’il a été raflé non loin de son domicile. Que Dieu sauve la Guinée ! Que Dieu aide la Guinée à mettre un terme à l’injustice, à l’arbitraire, à la violence. Aujourd’hui on a plus de 400 personnes en prison… »

O. Samoura
pour lynx.net