Les nuages s’amoncellent dans le firmament du Président-Grimpeur. La 4è République commence par la confusion des principes les plus élémentaires de l’administration publique. Le Chef de l’État s’érige en inspecteur pour contrôler des présences dans des ministères dont la formation, au compte-gouttes, est entrecoupée de destructions de domiciles des citoyens dans tous les quartiers de Conakry et ses environs. Au plan strictement administratif, personne n’a l’air de s’en sortir.
Dans le reste du pays, rien ou presque ne bouge. Les frontières sont fermées ; les opposants, embastillés, pourchassés, réduits au silence pour les uns, à l’inaction pour les autres. Les routes demeurent cabossées, et l’inertie, à son comble. Une première, cependant : le RPG grogne. Le 21 janvier passé, le bureau politique du parti s’est réuni pour adresser un mémorandum à Alpha Condé. Selon certaines certains responsables du parti, nombreux sont les griefs portés contre la gouvernance grimpante. De la reconduction de Nabayagate au sein du gouvernement aux multiples guéguerres intestines devenues endémiques au RPG, en passant par la hausse des prix et la misère dans laquelle végètent les populations, le mécontentement des jeunes, la sédentarisation de vieux roublards opportunistes, peu enclins à militer au sein du parti, c’est toute la récolte qui y passe. Mal compris par Alpha et son entourage immédiat, ils ont été taxés de frondeurs, de rebelles et traités comme tels.
Trois semaines plus tard, « la porte ne s’ouvre toujours pas.» La contestation se généralise. Pour la première fois en Guinée, le fondateur du parti au pouvoir est contesté à l’air libre, à ciel ouvert. Un « mémorandum » est adressé à Alpha Condé. Mais, en réalité, ce n’est pas un mémorandum, c’est un « ultimatum. » Si l’on en juge par la conclusion du document: «Après consultations de porte à porte par notre équipe auprès des anciens militants fidèles, loyaux au RPG : de Conakry à l’intérieur du pays ; de Lola à Siguiri en passant par Kérouané, Kissidougou ; de Sankaran à Kounadou via Kouran-ni-Wolété, il a été constaté que la plupart d’entre eux se sentent oubliés et même abandonnés dans l’effervescence du succès obtenu à la suite d’une bataille collective, longue et fastidieuse à laquelle ils ont âprement participé.
Pour taire ces désenchantements, nous invitons Monsieur le président de la République Professeur Alpha Condé de bien vouloir nous accorder une rencontre de tête à tête pour qu’en toute franchise, nous puissions laver le linge sale en famille ; sans laquelle concertation les militants que nous sommes ne se retrouveront plus dans son programme de société qui a cependant suscité en nous pleins d’espoirs. Car 30 ans n’est pas 30 jours.»
La Coordination nationale