L’être humain se maintient et développe son environnement grâce d’une part à son alimentation et l’autre, essentiellement à son sens d’observation, d’écoute et de réflexion. La cohésion de son environnement, paisible, repose sur le partage accepté des ordres donnés par ses dirigeants, ses ordres issus du sens de l’observation, d’écoute et de réflexion tirés du milieu que ces dirigeants veulent gérer. Monsieur de Lapalisse ne dirait pas mieux. Cette vérité, en général, explique la grandeur des grands pays, des grandes nations. La réussite des colonisateurs s’explique par cette philosophie. Les dominés d’Afrique, d’Amérique ne diront pas le contraire.  Les concepteurs de cette philosophie, de leur philosophie n’ont pas admis la tricherie.

Pour faire respecter leurs visions tirées du milieu ou d’autres imaginés, ils ont créé des lois qui protègent ces visions en affirmant : «Nul n’est censé ignorer la loi.» Ces lois à leur tour sont défendues par des juges, la police, l’armée, la douane. Ceux qui ne savent ni lire ni écrire sont censés connaître ces lois. Cette pratique qui oblige même les ignorants à respecter la loi a été la base de l’Etat. Cet Etat géré par des fonctionnaires a été protégé par cette philosophie utilisée et pratiquée par : «Nul n’est au-dessus de la loi». Pour la paix et la cohésion dans le pays, dans les structures de l’Etat, des services de récompenses et de punitions ont également été créés : médailles, prisons, récompenses pécuniaires. Malgré toutes ces précautions, simples citoyens, administrateurs, hauts religieux, ont triché dans la pratique, dans l’exercice de leur mission. Le monde a été témoin de ces déviations, de ces tricheries, de ces haines : nous avons été chassés du Paradis à cause de la désobéissance d’Adam, qui a goûté au fruit interdit. Etienne VI, élu pape en mai 896, a ourdi un horrible crime contre son prédécesseur, le pape Formose : faire déterrer le cadavre de Formose, neuf mois après décès, et faire condamner le corps pourrissant de Formose, calé sur un siège. Cette condamnation a pu avoir lieu par le rassemblement d’évêques marionnettes puissants, ambitieux et peureux. «Assis sur le trône papal, le pape Etienne lut l’acte d’accusation. Le cadavre était accusé de parjure, ayant menti pour devenir pape. Alors tous les actes officiels posés par Formose en qualité de pape et d’évêque furent invalidés, y compris les nominations et les ordinations des prêtres. Trois doigts de sa main droite furent coupés, ceux utilisés pour donner la bénédiction, son cadavre fut ignominieusement enterré.» Cette citation est tirée du livre de Joseph Cummins, intitulé : Curieuses histoires de l’Histoire oubliée, édition Jourdan 2010. Dans une organisation, un pays, pour éviter une telle calamité morale, il faut que les administrés, les citoyens, les croyants, les partisans restent vigilants, qu’ils évitent la corruption morale, intellectuelle, financière… Il faut qu’ils évitent l’indifférence, qu’ils épousent le respect de l’esprit des choses dans la pratique morale, intellectuelle dans le monde du courage et d’actions honorables. Nous estimons que depuis 1956, la Guinée circule concomitamment à deux vitesses : celle enflammée, enivrante et celle des actes rampants.

Encore une Lapalissade : nous avons exigé l’indépendance pour le mieux-être, pour le mieux vivre. Et alors «Etaconval» sis à Dalaba. Cet agréable endroit réservé, lieu de repos pour les fonctionnaires colons français de l’A.O.F (Afrique occidentale française) ; est-il toujours attrayant en 2021 ? Ces baobabs encadrant la route qui mène à la résidence du commandant de cercle de Youkounkoun sont-ils aussi pittoresques en 2021 qu’en 1958 ? Ces fiers Mandings de Kankan sont-ils fiers aujourd’hui de leur port fluvial ? Ce port de 1956 peut-il être retrouvé en 2021 ? Ces Kankannais peuvent-ils attendre aujourd’hui en 2021 des navires venant du Mali ? Le soir dans les concessions de Kaloum, ces Soussous, ces Peulhs, ces Malinkés, ces Guerzés, ces Kissis, qui se régalaient à tour de rôle du repas de leurs épouses ! Et le lendemain matin, ensemble sur la route du marché Niger, voilà cette Guerzée qui se réclamait reine du jour, en criant avec fierté la victoire de son «maganyi» (repas soussou), victoire ravie au «manganyi» de cette Soussou. Par ailleurs, ces Guinéens de toutes les cultures criant leur fierté en allant chez ce député peulh Yacine Diallo habitant à Boulbinet du côté de la Présidence, à la 2è avenue ! Et cet agréable chahut : «Ce n’est pas étonnant, vous les peulhs, vous aimez trop le savoir, attendez, nous sommes en route pour vous dépasser». Cette agréable Guinée coloniale où les valeurs sont respectées : religieuses, culturelles. C’était la Guinée du mérite, de la différence. Comme aujourd’hui nous avons des problèmes, nous voulons retrouver le mérite, la justice et l’amour. Il serait encore intéressant de conclure en citant ces versets 45, 153 de la deuxième sourate, Al Baquara, La vache : «Et cherchez secours dans la patience et la prière. Celle-ci paraît une charge considérable, sauf pour les humbles.» «Vous qui croyez, cherchez secours dans la patience et la prière ! Dieu est avec les patients.» Quelles belles leçons d’humanité !

La patience et la prière apportent le calme qui génère la réflexion, qui s’appuie sur Dieu mène à la lumière, la lumière nous guide à la solution de nos problèmes. Vous qui gérez aujourd’hui la Guinée, voici ce que le Tout Puissant a rappelé au Prophète Mohammad (PSL) dans la 10ème sourate, Yunus, au verset 99 : «Si tout seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ?» Quelle leçon de tolérance !

Chers dirigeants de la République, chers concitoyens, ne saupoudrons ni nos paroles ni nos actes, construisons du vrai, du solide.

Diallo I