En Afrique, on est durs à cuire. Plutôt lents à admettre la vérité, à comprendre la réalité. Mais à présent, en jetant un simple coup d’œil sur l’actualité politique au sein de la CEDEAO, on ne peut pas ne pas se détromper. Après une soixantaine d’années d’indépendance et de souveraineté nationales, on avait presque acquis la quasi-certitude que nos pays arriveraient à se gouverner autrement que ce que le colonialisme français, anglais, portugais et espagnol nous avait légué.

Malheureusement, les échéances électorales de 2020 nous ont remis sur le carreau. Les rayons ardents des Soleils des Indépendances ont remis les pendules au goût du jour. Ils ont redoublé d’intensité sur les drapeaux de nos États-nations, d’acharnement sur la peau frêle des Africains. On avait bêtement cru à l’avancée certaine de nos organisations sous régionales en terme de gouvernance et de vivre ensemble. Par-ci, on pouvait s’enorgueillir d’un passeport commun, par-là et par là-bas, d’un projet de monnaie commune plus ou moins solide. Patatras ! Les diverses échéances électorales ont ramené brusquement Hampaté Bah au-devant d’une scène africaine qui n’avait plus sa raison d’être : « Le pouvoir est comme de l’alcool. Après un premier verre, on est joyeux comme un agneau. Au second, c’est comme si on avait mangé du lion. On se sent si fort qu’on n’accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde, comme le lion dans la savane. Au troisième verre, on est comme le cochon, on ne peut faire que des cochonneries. Le premier degré correspond à la période où le chef est doux comme un agneau. Le second, c’est le moment où le chef se prenant pour un monarque absolu, devient redoutable. Mais alors il n’est que craint. Enfin, quand le chef atteint le troisième degré de son pouvoir, il est non seulement craint mais détesté par son peuple.»

Aujourd’hui, le continent noir est effectivement pris en sandwich entre dégoût et déception. Les pays que l’on croyait les plus avancés commencent à brûler. Sous la haute bienveillance « des présidents fondateurs.» Maquis Sale que l’on donnait pour exemple a franchi le Rubicon. Trois de ses potentiels remplaçants ont fait la taule. Les démêlées de Karim Wade, Khalifa Sall et Ousmane Sonko avec la justice ne saurait en aucun cas échapper aux manigances d’un président démocratiquement élu une fois pour toutes. Il faut espérer que les Sénégalais parviendront à sauver la démocratie et l’alternance sans prendre le Macky. Selon toute apparence, le Bénin, « jadis quartier latin africain, » a abandonné la lutte pour l’affermissement de la liberté si chère à feu Jérôme Badou, au profit de la chasse aux terroristes que préfèrent mener les nouveaux démocrates au Talon d’Achille. A l’allure où vont les choses, la Guinée d’Alpha Condé remportera haut la main la palme d’or de la démocratie africaine. Le Professeur-Président ne vient-il pas d’enseigner qu’il ne met aucun opposant en prison ? En Afrique, c’est bien-là une marque de célébrité et de tolérance digne d’un prix d’excellence. Ce n’est pas Cellou Dalein en tout cas qui vous dira qu’il croupit en prison. Elles ne lui appartiennent pas toutes ces usines d’armement que personne n’a encore vues à Wanindra. Ou bien ?

DS