Le Président Alpha Condé continue ses visites surprises dans les départements ministériels pour s’assurer du non-respect de son slogan : Gouverner autrement. Il exige des fonctionnaires qu’ils soient assidus, de mériter leur salaire. Sauf que la réalité crève les yeux, trop d’absents. Au pays des tortues, pas facile de pointer à l’heure. Sans le feu derrière.

Le 8 mars, le Président a visité le département de l’Hydraulique et de l’assainissement, le ministère de la Ville et de l’aménagement du territoire, le ministère de la Santé et de l’hygiène publique. Le constat est amer : il y a partout des absents : 4 au ministère de la Ville, autant pour celui de l’hydraulique, 37 à la Santé. Il n’en fallait pas plus pour irriter le Chef de l’État : «Je crois que les ministres ne prennent pas au sérieux mes directives, parce que je constate encore beaucoup d’absents dans les ministères. Si je constate maintenant des absences, c’est au ministre je ferai des avertissements ». Selon lui, ce n’est pas un plaisir pour lui d’arpenter les escaliers, mais quand les fonctionnaires viennent seulement pour justifier leurs salaires alors qu’ils sont payés pour travailler, il faut les obliger à venir à l’heure. «Si les ressources que nous perdons rentraient dans les caisses de l’Etat, nous n’aurions pas besoin d’aide budgétaire. Nous avons besoin de changer notre façon de nous comporter. Nous allons enseigner l’enseignement civique de l’école primaire à l’université. Parce que les Guinéens ont oublié le civisme». Peut-être qu’il y a là-aussi quelques soucis. Si nous avions suffisamment d’enseignants pour prendre en charge toutes nos écoles, du primaire à l’université, on n’aurait pas eu autant d’absentéisme dans les bureaux.

S’agissant du racket administratif, il a promis d’y mettre fin, les populations doivent connaitre leurs droits. «Quand vous avez droit à un papier administratif que vous ne devez pas payer, il faut que vous sachiez que vous n’avez pas à payer. Il faut qu’il y ait une éducation pour que le peuple sache ses droits et ses devoirs». Il faut se rassurer qu’une fois les droits et les devoirs connus, les réclamations ne viendront pas de partout en même temps. Surtout en matière de genre et de parité. Il est très difficile de connaître les vraies origines d’une révolution.

Alpha entend doubler les recettes internes en luttant contre la fraude et l’évasion fiscale, en ramenant à l’Etat tout ce qui lui appartient.  «Nous sommes déterminés à faire en sorte qu’il y ait un Etat en Guinée. Nous n’accepterons aucune sorte de pagaille que ce soit politique, économique et sociale, que les biens des Guinéens soient détournés.» Il faudra alors s’attendre à une compétition serrée entre professeurs de civisme et contrôleurs de finances.

Selon le Président guinéen, c’est la seule façon pour la Guinée de jouir de son indépendance financière au lieu de tendre la main à chaque fois, comme c’était le cas même pour organiser les élections. Il se vante d’avoir réussi à financer les élections sans aides extérieurs. Un Etat qui n’est pas capable d’assurer son fonctionnement normal n’est pas un Etat, dit-il.

Oumar Tély