Il a été élu président pour la première fois en octobre 2015, avec 58 % des voix, et a succédé à Jakaya Kikwete – bénéficiant d’un taux d’approbation élevé. Son parti, le Chama cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l’indépendance du pays, l’a choisi pour le représenter parmi plus de trente candidats.

Avant de devenir président, John Magufuli, issu d’une famille modeste et diplômé en chimie, a été plusieurs fois ministre dès le début des années 2000. Il s’est vu confier les portefeuilles de l’élevage et de la pêche, du logement et des travaux publics. Son action résolue en faveur du logement des plus pauvres lui avait déjà valu le surnom de « Tingatinga », le Bulldozer en swahili, en référence aux programmes de construction qu’il mettait en œuvre. Il se distingue par son action résolue en faveur des plus pauvres. Il a voulu démontrer cette forme d’empathie dès son investiture, en prenant toute une série de mesures drastiques. En particulier, les sommes qui s’évaporaient auparavant dans la fraude fiscale seront investies dans l’éducation et la lutte contre la pauvreté.

En tant que chef de l’Etat, il a promis de lutter contre la corruption, de développer le pays et son économie et de lancer de grands travaux. Dès son élection, il divise son propre salaire par quatre, faisant de lui l’un des chefs d’État africains les moins bien payés, réduit drastiquement les dépenses publiques, annule les cérémonies d’indépendance, jugées trop coûteuses, et commence à balayer lui-même les rues de la capitale, Dar es Salaam, pour donner l’exemple.

Élu sur la promesse de mettre fin à la corruption, il a également fait pression sur les grandes entreprises présentes dans le pays pour les obliger à laisser l’État tanzanien prendre une participation dans leur capital, renégocié les contrats de certaines compagnies minières et gazières, et limogé les cadres locaux jugés corrompus ou incompétents. Aucun domaine ne semble échapper à la vigilance présidentielle : pour mettre fin aux véhicules mal garés dans la capitale, il est décidé que la police confisquera leurs pneus.

John Magufuli a été réélu en octobre dernier, lors d’une élection contestée, avec plus de 84% des voix. Selon la constitution tanzanienne, Mme Hassan deviendra la première femme présidente du pays et consultera le parti au pouvoir, le CCM, pour la nomination d’un nouveau vice-président.

Sa mort laisse la Tanzanie dans une situation politique incertaine, selon Nic Cheeseman, professeur de démocratie à l’université de Birmingham. « La nouvelle de la mort de Magufuli va remodeler fondamentalement la politique tanzanienne. Ayant dominé la scène politique depuis son élection, il laisse une sorte de vide politique », a déclaré Cheeseman. « Cela déclenchera une nouvelle incertitude et tous les yeux seront tournés vers la politique interne du CCM pour voir quels accords ont été conclus au sein du parti au pouvoir concernant l’équilibre du pouvoir après la transition.»

Il avait disparu des radars tanzaniens depuis un bon moment avant que sa mort « par crise cardiaque dans un hôpital tanzanien» n’ait été annoncée. En réalité, il suivait un traitement anti-covid-19 à Nairobi,  Kenya.