Un témoignage de David Ouamouno

« Que sert-il à un homme de gagner tout le monde s’il perd son âme? » En lisant dans les médias l’humiliation que le Président Cellou Dalein a essuyée ce 16 mars 2020 à l’aéroport de Gbessia à bord de l’avion d’Air Ivoire, je me suis finalement résolu à me faire une idée sur l’homme, sur ses valeurs, sur sa vision et ses ambitions pour notre Guinée. Je ne suis ni partisan ni sympathisant de l’UFDG, mais la résignation de l’homme force mon admiration. N’oublions pas qu’à l’élection de 2010, tout faisait de lui le vainqueur, mais au nom de la paix et de ses valeurs, cet homme a accepté qu’on lui vole sa victoire. Ensuite, aux dernières élections, nous avons tous vu les irrégularités et fraudes qui ont entaché le processus électoral, mais encore une fois, l’homme s’est contenté de prouver la vérité des urnes et s’est limité là. Ce qui s’est passé dans l’avion d’Air Ivoire explique la foi de l’homme. Il aurait pu refuser de descendre de l’avion, mais son éducation de ne point troubler la tranquillité des autres passagers l’a contraint à descendre. Par analogie, il aurait pu tout de même, en plus d’avoir refusé de reconnaitre la victoire d’Alpha Condé, appeler clairement ses partisans à une rébellion armée en s’attaquant à la Forêt ou à Madina Oula, mais encore une fois, au nom de la paix, il a préféré les marches pacifiques sans armes aucunes.

Le cœur de cet homme m’a séduit ! Et c’est ce genre de cœur qu’il faut à notre Guinée.
Un cœur qui va penser à tous les Guinéens sans distinction de régions ni d’ethnies.
Un cœur qui va œuvrer au développement de notre chère patrie.
Un cœur qui ne brade pas nos ressources aux mains des Chinois, qui foulent aux pieds nos lois et assurent l’emploi aux chômeurs chinois au détriment de milliers de jeunes Guinéens.
Un cœur qui n’est pas rancunier, qui ne fait pas payer au peuple le fait de n’avoir pas voté pour lui, en détruisant leurs habitations et boutiques.
Un cœur qui ne prend pas plaisir à emprisonner toutes les voix qui osent s’élever contre son régime.
Un cœur qui est juste et aimant, frôlant par moments d’être taxé de poltron.
Un cœur qui n’élabore pas les lois au gré de ses humeurs, comme celle d’interdire l’importation de véhicules de plus dix années.
Un cœur qui prend l’hélicoptère pour se rendre au seul aéroport, pour ne pas faire souffrir de milliers de Guinéens dans l’embouteillage.
Un cœur qui traque et sanctionne les fonctionnaires corrompus qui ont pris des pots de vin dans les marchés de construction d’infrastructures routières.
Un cœur qui sort par moment en véhicule banalisé ou déguisé pour prendre l’atmosphère du peuple et refuse de se contenter d’écouter les perroquets qui lui chantent des flutes.
Un cœur qui accepte les critiques, parce que toutes les démocraties se sont construites dans la confrontation des idées. Et ce cœur, j’en suis convaincu, Cellou Dalein Diallo l’a. Que Dieu sauve la Guinée et les Guinéens.

David Ouamouno,
ancien chargé de communication du syndicat des Banques de Guinée,
syndicaliste à l’UNEF-France, syndicaliste à la CGT Finance du Conseil d’administration de l’Université Paris-Est.