La pandémie de Covid-19 a resurgi ces derniers temps en Guinée, pratiquement depuis début mars. Si le nombre de tests quotidiens reste élevé, autour de 2 000 par jour, il y a de plus en plus de morts, de malades, de cas d’urgence et de moins en moins de guéris. Les centres sont débordés, le gouvernement aussi. La vaccination traine le pied, faute de vaccins. Peut-être d’expérience

Depuis début mars, chaque jour qui passe enregistre son lot de morts, 14 contre 107 en tout, c’est 13% de décès depuis l’apparition de la maladie il y a un an, en seulement trois semaines. Depuis mars, c’est 1 780 cas positifs contre seulement 749 guéris. Cette situation a conduit à saturer les 3 centres de traitement. Coincée, l’ANSS, a même demandé à certains malades de s’isoler à domicile, si possible, en attendant que des places se libèrent dans les centres anti-Covid-19. Ce vendredi 19 mars, elle a publié une carte sur la prévalence des cas sur l’ensemble du territoire nationale à la date du 17 mars. Cette répartition géographique indique que 30 des 33 préfectures sont touchées par la pandémie avec une concentration  d’environ 80% des cas à Conakry Dans les préfectures, seules Yomou, Beyla et Gaoual n’ont pas enregistré de cas, du moins officiellement. Télimelé, Dinguiraye, Queckédou et Kérouané ont des taux très faibles, moins de 1% et sont classées parmi des zones stables par l’ANSS. D’autres préfectures enregistrent également moins de 1% des cas, mais restent très affectées. Dans les préfectures de Kindia, Labé, Mandiana, Boké et surtout Dubréka et Coyah, le taux atteint parfois 4,5%. Ce sont les plus touchées de l’intérieur du pays. A Conakry, toutes les communes sont touchées, notamment Matoto avec 22,42% et Ratoma, la commune la plus infectée de la capitale, avec 36,05%. Dixinn occupe la troisième place avec 10, 24%, Matam 6,28% et Kaloum, la moins touchée, 6,01% des cas.

L’ANSS se mobilise et accentue les sensibilisations sur le port de masque, le lavage des mains et le respect des distanciations sociales ainsi que l’intérêt de se faire vacciner pour contrôler la résurgence. Selon l’agence, la population a baissé la garde, ce qui expliquerait la résurgence. Le Président Alpha Condé a prorogé l’Etat d’urgence sanitaire et a rétabli le couvre-feu de 23h à 4h du matin, avec le port obligatoire du masque au risque de se voir coller une amende de 50 000 francs guinéens. C’est peut-être là l’un des maillons faibles du système. Il arrive souvent que corrupteurs et corrompus se partagent ce montant : 25 000 GNF dans les poches des flics chargés du contrôle pour que le distributeur potentiel du virus puisse se fondre dans la nature le plus simplement possible. Le phénomène est encore plus frappant dans le transport inter urbain. 

C’est dans cette atmosphère que le gouvernement s’organise pour faire vacciner la population. Les premières doses de 200 000, obtenues grassement de la Chine, sont inoculées progressivement au personnel soignant, aux personnes de plus de 65 ans, aux fonctionnaires de certains ministères et ceux de la Présidence. D’autres commandes seraient attendues dans les prochains jours. Si au moins on savait par où et par qui commencer ? Le programme précis des opérations sera communiqué à partir du 30 février. Immanquablement !

Tély Diallo