L’opposant Lansana Kouyaté, ancien Premier Ministre, a déclaré sur FIM FM que sa nomination à la Primature en 2007 n’est pas le résultat des démarches de  Mamadou Sylla, l’actuel chef de file de l’opposition la plus maigre d’Afrique. L’homme d’affaires et proche collaborateur Président Lansana Conté, a réitéré le 22 mars sur les ‘’GG’’ que c’est bel et bien grâce à ses bons offices que Lansana Kouyaté avait été nommé à la Primature. «Je vous dis que je suis très surpris. Je ne savais pas que Lansana Kouyaté était un gros menteur. Il oublie que c’est un dimanche nuit qu’il m’a téléphoné. Dans la journée, j’étais avec le Président Lansana Conté. Mohamed Ibn Chambas et autres étaient au Palais du peuple avec les syndicalistes pour proposer quatre noms parmi lesquels le Président Lansana Conté devait choisir un Premier ministre. J’ai discuté avec le Président. Puis le soir, Lansana Kouyaté m’a appelé. Des promesses, il n’y a pas ce qu’il ne m’a pas offert au téléphone», explique Mamadou Sylla. En contrepartie, Lansana Kouyaté lui aurait proposé de le soutenir dans une affaire judiciaire. Mais «heureusement, je n’ai rien reçu de lui». Le chef de file de l’opposition affirme avoir des témoins à tous les niveaux et qu’il n’était pas seul à avoir contribué à la nomination du président du PEDN, Parti de l’espoir pour le développement national. Il souligne qu’Alpha Ibrahima Keira y a contribué également en échange de briguer le ministère des Affaires étrangères, promis par Lansana Kouyaté, une fois à la Primature.

«Il a démarché pour être Premier ministre. C’est Malick Sankhon qui nous a mis en contact. Et moi j’ai parlé de lui au Président Lansana Conté pour le nommer au poste de Premier ministre chef du gouvernement. Et c’est mon stylo même que le Président Conté a pris pour signer son décret …»

Mamadou Sylla a dit que le choix de Lansana Kouyaté a été difficilement accepté par Lansana Conté. Il s’étonne que Kouyaté dise aujourd’hui que c’est Lansana Conté qui l’a proposé à ce poste. «Je regrette d’avoir aidé à porter Kouyaté au poste de Premier ministre. J’ai soutenu Kouyaté sans même le connaître parce que j’ai estimé que les Kouyaté sont des personnes qui ne mentent pas, qui ne sont pas ingrats, qui sont des hommes fidèles. Mais, malheureusement, Lansana Kouyaté regorge de tous ces maux. Il est ingrat, menteur, il n’est pas reconnaissant. C’est un homme qui est hautain. Lorsqu’il a été limogé, il a refusé de faire la passation de service avec son successeur. Le président Conté a refusé de le nommer pour un premier temps parce qu’il a dit que les gens ne vont pas accepter qu’un Kouyaté soit à la primature. Je l’.ai entendu dire que le président l’a proposé.  Personne ne l’a proposé. Lansana Kouyaté a démarché plusieurs fois ce poste de Premier ministre ; il n’a jamais été proposé par Lansana Conté.»

Mamadou Sylla a beaucoup parlé. Peut-être est-il confronté aux premières difficultés de l’art oratoire. Mais entre Kouyaté et lui, il va falloir chercher le menteur. Il est indéniable qu’aujourd’hui, un certain nombre de faits a été établi avec certitude. Lansana Conté n’était pas du tout étranger à la nomination de Lansana  Kouyaté.  Il l’a suscitée. Il l’a encouragée. Si durs qu’ils aient été en 2007, certains membres de la classe syndicale ont empoché l’argent de Conté pour que Kouyaté soit à la Primature, «le plus innocemment du monde.» Mieux ou pire, Kouyaté lui-même avait démarché le poste auprès de Conté avant même la radicalisation des syndicalistes. Quand il se rendait discrètement en Guinée pour négocier, il logeait à l’Hôtel Mariador  Palace.

De son côté, Alpha Condé doit réaliser que le soutien qu’il a dû apporter à Lansana Kouyaté ne devait pas peser lourd. Le jour du dernier round des négociations avec les syndicats au Palais du peuple avec la présence Babanguida, «Mohamed Ibn Chambas et autres» comme le dit Mamadou Sylla, Alpha Grimpeur s’est présenté à la porte de la Salle des Actes du Palais avec un retard inadmissible. Il a été purement et simplement éconduit. Il lui a fallu une très bonne dose de coups de téléphone pour pouvoir entrer dans la salle. Juste pour entendre les derniers rabbanas de la cérémonie. Celle-ci s’est effectivement conclue avec des rabbanas, si étrange que cela puisse paraître.

En revanche, Sylla se trompe lourdement de nombre en parlant du choix de «quatre premiers ministrables» au lieu de cinq que l’on devait présenter à Conté.  Chacune des cinq sections qui ont pris part aux négociations devrait élire un candidat pour le poste. Deux entités différentes ont choisi Mohamed Béavogui. Kabinet Komara, Diallo Saïdou et Lansana Kouyaté ont complété la liste. L’on comprend mieux aujourd’hui pourquoi Mohamed Béavogui qui avait déjà deux voix, n’a pu être choisi comme le voudraient la logique et l’éthique politiques. A moins que Mamadou Sylla et Lansana Kouyaté ne nous éclaircissent davantage.

DD